Page 56 - Peppone #2
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Pas étonnant du coup que les premières soient aussi froides et aigries. Comment pourraient-elles être épanouies dans leur corps si aucun homme n’est là pour leur faire découvrir le plaisir grâce à son phal- lus magique ? Comme dit une fée de La belle au bois dormant à propos de Malé que, « elle ne connaît rien aux choses de l’amour ». Entendez bien amour hé- térosexuel, avec un homme. Il n’y a que ça de vrai. Homosexualité vous dites ? Cela n’existe pas chez Disney qui protège courageusement nos enfants de toutes les idées perverses qu’ils pourraient avoir...
Et même diagnostic pour les « délurées » : com- ment voulez-vous qu’elles se tiennent bien à leur place si aucun homme n’est là pour les dresser ? Et j’ai bien dit un homme, pas un effeminé ou un impuissant à la Snoops. Non, un vrai, un bien viril avec des gros mus- cles et/ou une grosse intelligence. Un homme qui leur dise quand il faut ouvrir la bouche et quand il faut la fermer, comment se tenir et comment s’habiller. En résumé, un homme qui les remette à leur place. Au  nal, par delà leurs différences, ces méchantes se retrouvent toutes dans le stéréotype sexiste de la « vieille  lle », femme pitoyable parce qu’elle n’a pas trouvé l’homme qui aurait pu donner sens à sa vie, et qui tente de combler cette absence avec des animaux de compagnie. C’est la marâtre de Cendrillon avec son chat Lucifer, Malé que et son corbeau, Médusa et ses croco- diles, ou encore Ursula et ses murènes.
Contrairement aux héroïnes qui sont toujours jeunes et belles, les méchantes sont systématiquement vieilles et moches. En effet, chez Disney, il ne fait pas bon pour une femme de dépasser sa date limite de péremption. A partir d’un certain âge, on est forcément repoussante. Les hommes peuvent être vieux et désirables, comme le Roi Triton dans La Petite Sirène. Les femmes non. Et Disney n’y va pas par le dos de la cuillère : ces vieilles méchantes sont soit obèses (Ursula, La reine de cœur, Mim), soit anormalement squelettiques (Cruella, Médu- sa, Malé que). C’est-à-dire dans tous les cas complète- ment disproportionnées.
Et au cas où nos enfants n’aient pas bien intégré la leçon, Disney en remet une couche en nous montrant ces femmes essayer de retrouver leur beauté perdue à coup de rouge à lèvres et de faux cils (cf. Médusa, Cruel- la, Ursula ou Yzma). Tout ça bien sûr dans le ridicule le plus total car quand on est vieille, on est non seulement moche, mais de surcroît condamnée à le rester puisque la seule véritable beauté est celle, toute naturelle, de la jeunesse. C’est ainsi qu’il faut comprendre la jalousie des méchantes pour les jeunes héroïnes, et l’obsession qu’ont certaines de vouloir retrouver le physique de leurs 20 ans (exemplairement la Reine de Blanche-Neige ou Mère Gothel de Raiponce).
En multipliant les héroïnes aux mensurations de mannequins, Disney adresse un message clair à nos pe- tites  lles : vous serez une femme accomplie uniquement si vous êtes séduisante, et le reste a peu d’importance (« Sois belle et tais-toi »). Mais en plus, sachez bien dès maintenant que cela ne durera pas éternellement. A par- tir d’un certain âge, c’en sera  ni, vous serez moches. Et à cela il n’y a rien à faire. Car si vous cherchez à retrouver votre beauté, alors vous êtes nécessairement une harpie. Mais si à l’inverse vous faites le choix de vous moquer de votre physique (comme Mim ou Ursula qui ont le pouvoir de prendre l’apparence d’une jeune femme mais font le choix de ne pas le faire), vous êtes aussi une harpie. Du coup, on ne voit pas très bien ce qui peut rester comme option pour les femmes à partir d’un certain âge... Ah si, pardon, la seule option c’est d’être une éternelle maman, qui ne vit pas pour elle, mais pour ses enfants (ou équiva- lents), comme les fées de La belle au bois dormant ou La
It is not surprising that the female villains are so cold and bitter. How could they  ourish and blooms in their bodies if there is no man around to introduce them to pleasure with his magic phallus? As one of the good fairies in Sleeping Beauty says, «Male cent doesn’t know anything about love». Meaning heterosexual love with a man. That is the only true love. What about homosexuality? It doesn’t exist in Disney  lms, where our children are courageously protected from all the perverse ideas that might occur to them...
The diagnosis is the same for the «brazen» women: how on earth can they stay in their rightful place if there is no man around to tame them? And I do mean a man, and not an effeminate or impotent specimen like Mr Snoops. No, a real man, a really virile one with big muscles and/or a big brain. A man who tells them when they should open their mouths and when to close them, how to behave and how to dress. In short, a man who puts them in their place. In the end, despite their differences, the female villains are all grouped under the sexist stereotype of the «old maid», a pitiful woman who has not found the man who would have given her life meaning and who tries to  ll the gap with pets. This is the case of Lady Tremaine in Cinderella with her cat Lucifer, Male cent and her raven, Madame Medusa and her crocodiles and Ursula with her moray eels.
Unlike the heroines who are young and pretty, the villains are always ugly and old. At Disney it is not a good idea for women to pass their use-by date. After a certain age, they are all necessarily repulsive. Men can be old and desirable, such as King Triton in The Little Mermaid. But not women. And Disney never does things by halves: the old female villains are either obese (Ursula, the Queen of Hearts, Madam Mim) or abnormally thin (Cruella, Madame Medusa, Male cent). That is to say, always completely out of proportion.
And just in case our children have not learned the lesson, Disney lays it on thick by showing us these women attempting to recover their lost beauty with lipstick and false eyelashes (cf. Madame Medusa, Cruella, Ursula and Yzma). All this is shown in a totally ridiculous way, since when you are old, you are not only ugly, but also fated to stay that way, as the only true beauty is the wholly natural beauty of youth. This is the key to the jealousy felt by the female villains for the young heroines, and the obsession of some of them to recover the looks they had when they were 20 (notably the Queen in Snow White and Mother Gothel in Tangled).
With all the many heroines with a top model’s body, Disney sends out a clear message to our little girls: you will ful l yourself as a woman only if you are attractive, and the rest is not very important («Be pretty and shut up»). Plus, you should realise once and for all that beauty will not last forever. After a certain age, it’s all over, you will be ugly. And there is nothing you can do about it. Because if you try to recover your beauty, you are necessarily a shrew. But if, on the other hand, you choose not to care about your appearance (like Madam Mim or Ursula, who have the power to change into young women but decide not to do so), then you are also a shrew. So, it is hard to see what options are open for women after a certain age... Ah yes, sorry, the only option is to be an eternal mum, who does not live for herself but for her children (or similar beings), like the good fairies in Sleeping Beauty or Lady Tremaine in Cinderella,


































































































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