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CONCLUSION
praticiens qui les rendra aptes à maîtriser la chaîne de travail de la CFAO (« conception et
fabrication assistées par ordinateur »), c’est-à-dire leur futur outil de travail. La prise en consi-
dération de ce changement de paradigme dans le cadre de la formation initiale des praticiens
représente un défi que l’enseignement universitaire se doit de relever.
En second lieu, il est important que nous arrivions à mieux théoriser et à rendre plus fluide le
flux de travail numérique : il fut un temps, pas si lointain, où nous parlions « d’art dentaire »
et où les différentes étapes de ce processus s’enchaînaient tout naturellement. L’œil du prati-
cien-artisan lui permettait d’observer et d’effectuer le diagnostic, ensuite son cerveau plani-
fiait et élaborait une construction mentale des objectifs ; enfin, ses mains réalisaient l’acte
thérapeutique concrétisant la construction dont il est question. La cohérence du flux de travail
s’identifiait à celle de l’action du praticien, il n’y avait nul besoin de décrypter ou de réfléchir
sur la communication qui s’établissait entre ce que l’œil voyait, ce que notre cerveau pensait
et ce que nos mains faisaient : au fil de notre expérience clinique, tout ceci s’harmonisait
naturellement. Mais l’avènement du flux de travail numérique suscite le bouleversement de
nombreux paradigmes. Il s’agit bien sûr d’un progrès dans la mesure où une plus grande
transparence s’installe en ce qui concerne les rapports du praticien avec le patient : la possi-
bilité d’une perception plus précise et plus complète optimise la communication entre les
acteurs principaux du processus. Si toutefois nous analysons ce workflow numérique, nous
constatons que l’œil y est suppléé par l’imagerie maxillo-faciale, couplée avec l’utilisation de
l’IA (intelligence artificielle qui permet d’effectuer des mesures), de sorte que notre planifica-
tion s’accompagne de set-up virtuels dynamiques qui seront en grande partie automatisés.
Quant à notre travail manuel, il se trouve suppléé par la conception et la formation assistées
par un ordinateur (CFAO). Le praticien devient alors le pilote de ces différentes séquences,
le maître et le garant du bon fonctionnement du processus. Mais le lien entre ces diffé-
rentes séquences n’est plus aussi naturel que celui existant entre l’œil, le cerveau et la main
d’un même praticien. Pour donner une cohérence et maîtriser le workflow numérique, nous
devons en verbaliser les étapes et avoir une profonde réflexion et une solide connaissance
de chacune d’entre elles.
Ainsi, le succès d’une transition numérique dépendra, pour chaque praticien, de sa capacité
à tendre vers son optimum numérique, guidé par la recherche du meilleur équilibre entre
l’énergie et le coût qu’implique la mise en place de ces technologies et l’apport au patient.
La réussite de la transformation numérique au sein de notre cabinet est le défi majeur de la
prochaine décennie dont nous avons collectivement la responsabilité, tant pour nous-mêmes
que pour les futures générations de praticiens, pour lesquelles nous nous devons de préparer
le terrain. Face à la résolution technologique à l’œuvre, il importe de faire résonner les mots
de l’historien Robert Rosenstone : « La révolution, c’est une tentative pour faire aboutir des
rêves ».
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