Page 8 - Madame K. (Nouvelle SCI)
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L’Extraordinaire Épopée de Mme K.
s’épuise, qui aimerait bien, peut-être, qu’on arrête de baiser sur elle, bon dieu ! »
« Euh, Mme K. ?... »
« Finis les femmes-putains et les hommes-maquereaux ! Finis les sexes érigés comme des épées de Damoclès prêtes à nous trancher la tête ! Finis les partitions mal jouées, les pensées tordues, le sexe à outrance qui ne sert à rien sinon à se perdre soi-même et à engloutir l’autre. Mais l’autre, hein ? qu’est-ce que ça peut leur faire, après tout ? L’autre, ça ne veut rien dire du tout ! L’autre, c’est un néant à combler un tout petit instant, et après, finie la fiesta ! finie la poésie ! Tout est fini, terminé, out of joint ! Alors, après tout ça, qu’est-ce qu’il a fallu faire ? Eh bien, il a fallu supprimer tous les pantalons du monde, tous les boutons de manchettes inutiles désormais, tous les parfums. Des milliers d’autodafés ont chanélisé l’air que ces égoïstes nous pompaient sans vergogne. Et toutes ces cravates qui ont servi à pendre toutes ces bêtes : porcs, veaux, taureaux. Plus de corridas ! Plus de sang ! Mais pour que le sang ne se desservît plus jamais dans les sillons de notre triste histoire, il fallait qu’il pût couler à flots, un peu comme une ultime expiation païenne. Nous étions retournées à nos racines, aux sources de notre histoire. Ce recommencement, cette renaissance inespérée, c’était si merveilleux !
« Peut-être, peut-être... »
« Faut pas vous mettre dans des états pareils, Mme K., y’a plus de raisons, allons ! »
« Et cette couleur ! Jamais je n’avais rien vu d’aussi beau. Tout ce rouge, toute cette belle folie, toutes ces clameurs qui roulaient comme des vagues au-dessus de notre tête. C’était à vous




























































































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