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                                La Tribune des travailleurs - No264 - Jeudi 12 novembre 2020
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  INTERNATIONAL
Paroles de militants ouvriers et noirs
pas tranquillement. Son héritage de divi- sion et de haine, couronnant des siècles de politique de « suprématie blanche », lui survivra. Redoubler d’efforts pour unifier la classe ouvrière et les popula- tions opprimées et leur donner confiance est d’autant plus urgent.
Une présidence Biden apportera-t- elle le changement fondamental qu’es- pèrent un nombre croissant d’Américains et dont ils ont besoin ? Certes, il n’inci- tera pas publiquement à des pogromes racistes. Mais il a juré sa fidélité au capi- tal financier au début de l’année, pen- dantlacampagnedesprimairesduParti démocrate, en promettant de mettre son veto à tout projet de loi qui prévoirait le Medicare pour tous (c’est-à-dire un sys- tème de sécurité sociale – ndlr). Et cela au moment où se répand la pandémie. Seule l’indépendance de la classe ouvrière, organisée, tant sur son lieu de travail que dans ses quartiers, unie avec les popula- tions opprimées, fera sortir le peuple des États-Unis de la jungle du capitalisme pourrissant.
« Aucune mesure n’a été prise contre les violences policières »
Bill Leumer, ancien président
de la section syndicale de
San José (Californie) de
  « Rompre avec les deux
« L’expulsion massive des immigrés a commencé avec
partis capitalistes »
Nnamdi Lumumba, secrétaire adjoint de l’organisation ouvrière et noire Ujima People’s Progress Party de Baltimore (Maryland)
actuel drame
électoral amé- ricain est un produit de la
Obama et Biden »
L’
E. J. Esperanza, militant pour la défense des droits des
Ltravailleurs immigrés sans papiers à San José (Californie)
e mouvement pour les droits des immi- grés aux États-Unis s’est exprimé très clairement sur la véritable menace que faisait peser l’administration Trump.
Nous avons passé tout notre temps à la combattre. C’est bien qu’on ait montré à Trump la porte de sortie. Mais Biden n’est pas notre ami. Au sein de la direction du mouvement pour les droits des immigrés, on se rend de plus en plus compte que les démocrates ne sont pas un « moindre mal ». L’administration Trump n’est pas à l’origine de l’actuel système d’expulsions massives. Il a été mis en place sous Bill Clin- ton et s’est développé sous l’administration Obama (dont Biden était vice-président), qui a expulsé près de 3 millions d’immigrés en huit ans. La tristement célèbre détention des enfants à la frontière a commencé sous Obama et Joe Biden. Donc, dans le combat pour libérer notre peuple des centres de détention, la question d’une politique de la classe ouvrière en toute indépendance se pose au mouvement pour les droits des immigrés. n
 crise persistante du système capitaliste. Il continue à ne plus pouvoir gouverner comme avant !
Plus que jamais, la classe ouvrière amé- ricaine doit affirmer sa force, construire sa capacité à vaincre la classe capitaliste et gagner la transformation socialiste de la société.
Nous, les travailleurs, surtout les Noirs et les Latinos et toutes les autres communautés opprimées, nous devons rompre notre allégeance aux partis capi- talistes et soutenir les initiatives comme celle du Ujima People’s Progress Party, en construisant des partis de la classe ouvrière indépendants, des mouvements de classe et de résistance qui n’hésitent pas à affronter la classe dominante afin d’en finir avec la politique capitaliste au niveau national et international.
« Pour un parti de la classe M
l’Association internationale
 DÉFENDRE LA DÉMOCRATIE « C’est le mouvement syndical qui fera la différence »
       « L’élection n’est pas terminée tant que le dernier vote n’a pas été comptabilisé. La démocratie mérite d’être défendue. »
Début octobre, à seulement un mois de l’élection, un groupe de militants syndicaux chevronnés, en par- ticulier ceux qui avaient fondé US Labor Against the War*, a décidé de former une coalition syndicale appe-
lée Labor Action to Defend Democracy (LADD, c’est-à-dire « Action syndicale ouvrière pour défendre la démocratie »). Et cela afin d’aider à promouvoir des actions de masse indépendantes, y compris la grève, pour empêcher toute tentative de Trump de « voler l’élection » et de ne pas recon- naître sa défaite, comme il l’a menacé maintes fois. Dans ce cas, « c’est le mouvement syndical qui fera la différence », a déclaré l’un des organisateurs de LADD.
« Prendre l’initiative y compris la grève »
Sous l’impulsion de LADD, des centaines de sections syndicales locales, de conseils centraux du travail (c’est-à- dire les unions locales affiliées à la centrale AFL-CIO dans les grandes villes – ndlr), des syndicats nationaux et d’autres organisations professionnelles ont adopté des résolutions appelant le mouvement syndical dans son ensemble à « prendre l’initiative de toutes les actions non violentes néces- saires pour empêcher Trump de voler l’élection ». Certaines de ces résolutions, comme celles adoptées par les conseils syndicaux centraux des villes de Rochester (New York), Troy (New York), Seattle (Washington), Madison (Wisconsin) ou celui de l’ouest de l’État du Massachusetts, appelaient les travailleurs à l’action sur leur lieu de travail, y compris la grève.
Plus de 300 manifestations ont été organisées dans tout le pays le jour du 4 novembre. Les syndicats de nombreuses villes se sont joints à ces actions. Le samedi 7 novembre, le mouvement syndical a pris les devants en organisant des actions similaires.
« Nous tenir prêt à agir indépendamment du Parti démocrate »
Cet état d’esprit combatif du mouvement syndical a trouvé une illustration dans la lettre ouverte envoyée aux présidents des deux fédérations syndicales de l’enseigne- ment, l’American Federation of Teachers (AFT) et la Natio- nal Education Association (NEA), par les présidents de sept syndicats d’enseignants de Californie. Cette lettre ouverte affirme, entre autres : « Ensemble, nos syndicats d’ensei- gnants des plus grandes villes de Californie, appelons nos syndicats nationaux (la National Education Association et l’American Federation of Teachers) à s’engager à mobiliser immédiatement leurs millions de syndiqués, et tous ceux qui les soutiennent, à une protestation de masse aux premiers signes d’une tentative de voler l’élection. Plus précisément, nous devons nous tenir prêts à agir, indépendamment du Parti démocrate, pour défendre l’avenir des travailleurs par l’action collective. »
* USLAW, « Le mouvement syndical contre la guerre », est une vaste coalition d’organisations syndicales des États-Unis (repré- sentant 4 millions de travailleurs syndiqués) qui s’était consti- tuée en janvier 2003, quelques semaines avant l’invasion de l’Irak par l’armée américaine, sous la présidence de George W. Bush. Gene Bruskin, responsable syndical dans la confection, en fut longtemps le responsable, et il coordonne aujourd’hui Labor Action to Defend Democracy.
 Revue de presse
« L’année 2020 a été trop avare en bonnes nouvelles pour que l’on puisse se permettre de relativiser celle-ci : le candidat démocrate Joe Biden a battu le président sortant », écrit le directeur du Monde, dans son éditorial de l’édi- tion spéciale titrée « Un président, deux Amériques » (10 novembre). Cela ne l’empêche pas d’exprimer une certaine inquiétude : « Pour Joe Biden, le défi de la réconciliation », titre l’éditorial, qui s’inquiète d’un « pays profondément déchiré, gangréné par le racisme, aux infrastructures déli- quescentes, au système éducatif iné- galitaire, à l’espérance de vie en recul, à la richesse toujours plus concentrée entre quelques mains ». Même tona- lité pour Les Échos (9 novembre) : s’il ne fait aucun doute que « déjà, cer- tains (dirigeants républicains) bas- culent et sont prêts à travailler avec le président élu » et si le quotidien du capital financier se félicite que « avec Kamala Harris (...) l’aile gauche du parti (démocrate) sera puissamment représentée », en revanche, « unifier le pays sera une autre odyssée », compte tenu du « mur qui divise comme jamais la société américaine ». Car, « que voit-on après Trump ? Une colère encore plus forte ». Conclusion : « L’ombre terrible du désenchante- ment (...) pointe déjà sur les épaules du 46e président. » En attendant, « les Bourses mondiales saluent la nouvelle donne politique ». Tout en reconnaissant que « l’Amérique fête le départ de Trump plus que la victoire de Biden », L’Humanité (9 novembre) n’en voit pas moins dans le pro- gramme du président démocrate « un programme progressiste mais moins radical que celui de Sanders ». L’Humanité assure ainsi que Biden appliquera la promesse non tenue faite par Obama aux 27 millions de travailleurs privés de toute assurance santé : « Permettre (...) de rejoindre Medicare », ce qui « constituerait une avancée ». Rappelons l’infor- mation donnée il y a quelques jours par Les Échos : « Wall Street a donné quatre fois plus d’argent à Biden qu’à Trump » (28 octobre 2020). Qui peut croire que Wall Street n’attend pas un retour sur investissement ? n
  ouvrière, ancré dans les
des mécaniciens (IAM)
algré la syndicats» pandémie,
 Mike Carano, chauffeur routier
à la retraite, TaL
un nombre
considérable de personnes ont participé aux mani- festations du mou- vement Black Lives Matter. Ce n’est pas prêt de s’arrêter, car aucune mesure n’a été prise contre les violences policières, aussi bien dans les États contrôlés par les démocrates que dans ceux contrôlés par
les républicains.
Présenter des candidatures ouvrières
indépendantes comme le propose la Campagne pour un parti indépendant des travailleurs et des opprimés (Labor Campaign for an Independent Party) doit, là où c’est possible, se faire en lien avec toutes ces organisations militantes. Il existe bien d’autres combats possibles, comme la défense du jugement Roe v. Wade (arrêt de la Cour suprême des États-Unis de 1973 qui reconnaît le droit à l’avortement – ndlr) là où il sera mis en cause, vu la composition de la Cour suprême.
« Nous sommes engagés dans un combat pour défendre nos vies »
uand j’ai vu qu’environ 49 % des électeurs
avaient voté
llmadge (Ohio)
es démocrates
s’attendaient à une « vague bleue » (cou-
leur traditionnelle du Parti démocrate – ndlr) et espéraient gagner le contrôle du Sénat, mais cela ne s’est pas produit.
Au lieu de cela, ils ont perdu des sièges à la Chambre des représentants. L’élec- tion a mis à nu la faillite persistante du Parti démocrate et devrait nous faciliter la construction d’un parti de masse de la classe ouvrière ancré dans les syndicats et les populations opprimées.
« Une administration Biden apportera-t-elle
le changement ? »
Sandy Eaton, infirmier à la retraite, responsable syndical à
ssachusetts)
 Quincy (MaAprès un été mar- qué par des ras- semblements, des manifesta- tions et des actions du mouvement ouvrier contre l’assassinat par la police d’Afro- Américains, le pré- sident Trump menace d’ignorer les résultats de l’élection et appelle ses partisans – dont beaucoup d’entre eux sont organisés en bandes de nervis armés – à descendre eux-mêmes dans la rue. Certains s’interrogent : va-t- on vers une guerre civile ? À la différence de la situation d’il y a 160 ans (la guerre de Sécession – ndlr), il existe dans chaque État des regroupements de la classe ouvrière, rassemblant aussi des citoyens de couleur, et l’état d’esprit de résistance contre la menace fasciste est largement répandu. Des secteurs du mouvement syndical se préparent à utiliser leur force pour faire pression. Trump va être jeté aux oubliettes de l’histoire, mais il ne partira
Connie White, militante noir, membre du Labor Party à Los Angeles (Californie)
 Q
 pour Trump, je me suis mise à réfléchir à la stratégie. Nous avons ce dicton aux États-Unis : « Com- ment manger un
éléphant* ? – un morceau à la fois. » Nous sommes engagés dans un combat pour défendre nos vies. Le capitalisme cherchera toujours à nous détruire. La Campagne pour un parti indépendant des travailleurs et des opprimés a de grandes possibilités si nous sommes capables de la mettre en rap- port avec les grandes questions auxquelles les travailleurs sont confrontés.
* Symbole du Parti républicain.
 Les interventions d’Alan Benjamin et des autres orateurs au meeting du POID sont disponibles en « replay » sur le site Internet de
La Tribune des travailleurs
 





























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