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La Tribune des travailleurs - No264 - Jeudi 12 novembre 2020
   
  parti
   
  ouVrier indépendant démocratique
    
     7 novembre : par milliers en «
Vie du parti
       Avant le meeting : Lmanifestation interdite
e meeting du POID du 7 novembre avait déjà une his- toire. Convoqué dans une salle de la région parisienne, il a été interdit en raison du nouveau confinement mis en place par le gouvernement Macron-Castex.
Les manifestations reven- dicatives restant autorisées, les organi- sateurs du meeting avaient déposé une demande de manifestation pour l’« inter- diction des licenciements et la confisca- tion des 560 milliards ». À quoi le préfet a répondu : « Certes, le président Macron autorise les manifestations, mais le rôle
du préfet est de les interdire. »
Par tous les moyens, ce gouver- nement cherche à faire taire ceux qui veulent désigner du doigt les véritables responsables de la situation. Cela n’a pas empêché le POID d’assurer la tenue du meeting, le 7 novembre, en visio- conférence, avec la participation de 4 000 à 5 000 travailleuses, travailleurs, jeunes, militants.
Un meeting ouvrier à l’image du parti ouvrier tel qu’il est et se construit, avec des militants enracinés dans leur milieu et qui, malgré les obstacles, combattent sur une ligne de rupture avec le gouver- nement Macron et le système capitaliste.
    « Oui, embaucher des profs pour sauver la jeune génération du désastre »
Rassemblement des enseignants, à Paris, le 10 novembre
« Des enseignants se sont mis en grève, dès le lundi de la rentrée »
Après une semaine de reprise des cours, la lutte des classes, telle qu’elle a surgi dans les écoles – avec ses difficultés – était présente dans ce meeting, comme le raconte Jonathan, professeur de lycée professionnel : « Dans de très nombreux endroits, les enseignants se sont mis en grève dès le lundi de la rentrée. Un mouvement massif. Cependant, ce mouvement s’opère dans une certaine confusion. Jeudi soir, le ministre Blanquer annonçait la possibilité pour les lycées que les élèves n’assistent qu’à la moitié des cours, charge à chaque lycée de pro- poser un projet d’organisation pour garantir la prétendue “continuité pédagogique”. N’y a-t-il pas un piège ? Le fait de renvoyer chaque lycée à des projets locaux, c’est toute la logique des contre-réformes successives. Il faut affirmer au contraire qu’il est possible de recruter immédia- tement des milliers d’enseignants, de réquisi- tionner les locaux disponibles. Pour l’imposer, il faut l’unité des enseignants et de leurs organi-
Devant un lycée de Mont-de-Marsan le 3 novembre
sations. Le 10 novembre, une grève unitaire est appelée par les syndicats de l’Éducation natio- nale, moyen par lequel peut s’exprimer cette double aspiration : garantir la santé de tous, garantir aux élèves l’instruction à laquelle ils ont droit. »
« Sans les agents du conseil départemental : pas de ménage, pas de cantine, pas d’entretien... »
Le combat pour le droit à l’instruction, c’est aussi celui de l’ensemble des personnels techniques, comme l’explique Lilla : « Sans les agents du conseil départemental, collèges et lycées ne pourraient pas fonctionner : pas de ménage, pas de cantine, pas d’entretien courant des bâtiments, pas de désinfection quotidienne... Pour les 125 collèges du département de Seine- Saint-Denis, il faut recruter 150 agents supplé- mentaires pour pouvoir mettre en œuvre les consignes sanitaires. Mais pour l’instant, aucun recrutement, aucune embauche ne sont prévus par la majorité PS-PCF du conseil départemen- tal. Nous avons décidé d’appeler ensemble à la grève le 17 novembre pour obtenir ces 150 postes supplémentaires. »
« J’accuse ce gouvernement de barbarie vis-à-vis des personnes handicapées »
Et dans cette situation, les enfants handi- capés sont particulièrement frappés. Sandrine, s’insurge : « Je suis une maman en colère contre ce gouvernement capitaliste qui s’attaque une fois de plus au service public en sacrifiant les personnes handicapées. J’accuse ce gouverne- ment de violence et de barbarie vis-à-vis des personnes handicapées et de leur famille. Rien que dans ma ville, Les Lilas (Seine-Saint-Denis), il manque dans les écoles 174 heures d’AVS. » Quant à Michèle, elle refuse le dilemme que le gouvernement prétend imposer aux accom- pagnants d’enfant en situation de handicap : « Soit ils acceptent de travailler sans protection et prennent des risques pour leur santé, soit ils refusent en utilisant leur droit de retrait. Dans ce cas, l’élève, privé d’accompagnement, ne pourra pas suivre en classe. L’école doit permettre l’éga- lité d’accès à l’instruction de tous les enfants, y compris les enfants en situation de handicap. »
« Pourquoi ces revendications légitimes devraient-elles s’opposer ? » Tous les intervenants ont souligné la dif-
ficulté du combat contre la casse de l’école publique et la volonté du gouvernement d’or- ganiser la division. Mais, comme l’a souligné Christel Keiser, secrétaire nationale du POID, les solutions existent et l’unité sur les revendi- cations peut se réaliser : « On comprend parfai- tement que pas plus les profs que les élèves, les parents, les personnels d’entretien ne veulent revivre ce qu’ils ont vécu lors du premier confi- nement avec un enseignement à distance chao- tique. Ils sont aussi inquiets face au risque de transformer les établissements en clusters. Mais on ne peut pas défendre les intérêts spécifiques des enseignants, le statut des enseignants, au mépris de la mission d’instruction de l’école. Et on ne voit pas pourquoi ces revendications, aussi légitimes l’une que l’autre, devraient s’oppo- ser. Une solution ? Oui. L’embauche massive et immédiate de personnels, des milliers d’assis- tants d’éducation, d’accompagnants d’élève en situation de handicap, d’agents d’entretien. Oui, réquisitionner des locaux, oui, embaucher des profs pour sauver la jeune génération du désastre. C’est possible, à condition de remettre en cause le vote du 19 mars à l’Assemblée natio- nale et de réquisitionner les centaines de mil- liards offerts aux patrons ! »
« Nous refusons d’être une génération sacrifiée »
« On veut le bac, pas le corona »
En écho à ce combat, il y a celui de la jeu- nesse, étudiants et lycéens, pour le droit aux études, mais aussi celui des jeunes travail- leurs pour un vrai travail et un vrai salaire. Tous refusent d’être une génération sacrifiée. Camille, lycéenne, évoque la mobilisation dans les lycées depuis la reprise des cours : « Le dédoublement proposé par Blanquer se fait au détriment de élèves puisque, au lieu de dédou- bler les classes pour le même volume de cours, l’administration a décidé de donner les cours aux lycéens deux ou trois jours sur cinq (et le reste de la semaine en distanciel. Comme on pouvait le lire sur la pancarte d’une lycéenne : “On veut le bac, pas le corona !”. »
« Nous, étudiants, refusons de choisir entre nos études et notre santé »
Quant à Maïa, étudiante, elle revient sur les débuts d’une année universitaire qui s’an- nonce catastrophique : « Depuis septembre, la situation à Nanterre n’est pas idéale du tout. On n’a pas d’horaires fixes pour les cours, on nous envoie des PDF à la place des cours à 21 heures ou 22 heures. Avec le confinement, la situation est encore pire. Ces pseudo-mesures sanitaires et ce confinement sont des offensives d’une extrême violence. De plus, elles permettent de désigner un bouc-émissaire dans cette crise sanitaire, la jeunesse. Nous, étudiants, refusons de choisir entre nos études et notre santé ! À Jeu- nesse Révolution, nous proposons aux lycéens, étudiants et jeunes travailleurs de s’organiser avec nous pour le chasser, et le remplacer par un gouvernement ouvrier. »
« J’ai pris 135 euros d’amende, c’est ce que je gagne en une
semaine et demie »
La situation de la jeunesse, c’est aussi celle de centaines de milliers de jeunes travailleurs à qui on refuse le statut de salariés. Samy, livreur, raconte : « Je gagne rarement plus de 100 euros par semaine. Le deuxième jour de couvre-feu, j’ai été connecté douze heures quarante sur la plate-forme. J’ai touché 4,30 euros, pour une seule course, et j’ai été verbalisé par les policiers. J’ai pris 135 euros d’amende pour non-respect du couvre-feu alors que j’étais sur mon lieu de travail, une station Vélib’. 135 euros, c’est ce que je gagne en environ une semaine et demie. Auto-entrepreneur, ça veut dire pas de garantie, et pas de paie quant on est malade. À ça, il faut ajouter que beaucoup de livreurs – et les plates- formes le savent bien – sont sans papiers, c’est- à-dire sans Sécurité sociale. »
« Combien de victimes, au total, de la politique de ce gouvernement ? »
Aussi scandaleux que cela puisse paraître, en pleine pandémie, le gouvernement pour- suit sa politique de destruction de l’hôpital public.
« Ce gouvernement utilise
la crise sanitaire pour accélérer la destruction des hôpitaux »
Stéphanie, syndicaliste hospitalière en Seine-et-Marne, s’insurge : « Dans une crise sanitaire majeure, nous n’avons jamais subi autant d’attaques de nos hôpitaux et Ehpad publics, à tous les niveaux, masquées par les mensonges du gouvernement. Ce gouverne- ment utilise la crise sanitaire pour continuer, voire accélérer, son opération de destruction des hôpitaux. » Ailleurs, en région parisienne, Sandra, adhérente des Hauts-de-Seine du POID évoque le combat en cours dans sa commune : « Il y a un projet qui dure depuis plusieurs années de fermer deux hôpitaux, Beaujon, à Clichy, Bichat, dans le 18e arron- dissement de Paris, pour en ouvrir un à Saint- Ouen. Notre point de vue est simple. Tout de suite, Beaujon et Bichat doivent être rénovés. Tout de suite, le troisième hôpital doit être construit. »
« Ils osent fermer les urgences de l’Hôtel-Dieu à Paris »
Christel Keiser souligne que « le 3 novembre, la direction de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a décidé de fermer les urgences de l’Hôtel-Dieu à Paris ! Au moment où le gouvernement annonce une prochaine saturation des services de réani- mation, au moment où on déprogramme des centaines d’interventions, ils osent fermer les urgences de l’Hôtel-Dieu. Combien de victimes, au total, de la politique de ce gouvernement ? »
« On peut les faire
reculer »
Dans tous les secteurs,
les militants ont dénoncé les plans de licenciements qui se multiplient
À La Poste, Jean-François, syndicaliste, indique : « Entre 15 000 et 20 000 suppres- sions d’emplois sont annoncées, la Caisse des dépôts, devenue actionnaire majoritaire, veut un retour sur investissement. »
Laura, salariée du Lido, s’indigne : « Sodexo, qui est notre propriétaire, annonce plus de 2 000 suppressions d’emplois alors qu’elle cotée en Bourse pour 10 milliards d’eu- ros. »
À General Electric (GE), Mathieu, syndi- caliste, dénonce : « La vente d’Alstom à GE en 2014 est un scandale d’État. GE s’engageait à créer 1 000 emplois sous peine d’amende. Les emplois n’ont pas été créés, GE a payé 50 mil- lions d’euros d’amende mais a touché 200 mil- lions d’euros d’aides publiques et les plans de licenciements se multiplient. 641 en 2021. » Autre secteur, le « commerce dit équitable ». Constantin, syndicaliste, relate : « Biocoop, c’est un réseau de 650 magasins, prétendument le plus écoresponsable en France. Pendant le confinement, on a travaillé dans des condi- tions dégradées et, à l’issue du confinement, on nous annonce la fermeture de deux maga- sins et l’obligation du travail du dimanche. Depuis le 9 juillet, on a fait trois semaines de grève avec occupation. Malgré la répression, la direction a reculé sur le travail du dimanche. C’est une victoire pour l’ensemble du secteur. Cela montre qu’on peut faire reculer les diri- geants patronaux. »
               Rassemblement devant l’Hôtel-Dieu à Paris le 6 novembre
 
















































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