Page 5 - Vibrations Africaines
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Par la suite, dès qu'il revenait à Toulouse pour un concert, il me posait toujours cette question
"Tu viendras me voir au concert?"
La réponse pour moi était évidente mais apparemment pas pour lui!
Quatre années plus tard en 2004, Sougalo Coulibaly finissait sa vie à Toulouse, le cancer ne faisait pas partie de la tradition Malinké.
Durant ses derniers concerts, je le voyais s'allonger sur scène dès qu'il pouvait à l'abri des regards, il était épuisé et c'était vraiment triste.
Rencontrer Mamady Keïta cette même année dans ma ville natale, ce musicien au parcours élogieux, était peut probable, et pourtant un soir de juin, je suis aller l'écouter au Havana Café à Ramonville St Agne!
Consacré meilleur batteur d'Afrique à 19 ans au premier festival panafricain d'Alger, ce musicien au parcours exceptionnel que j'avais seulement vu en concert sur un DVD neuf ans auparavant en Martinique allait jouer devant moi!
Nous avions un point commun, nous étions nés la même année en 1950 à un mois d'intervalle!
La comparaison s'arrêtait là!
Je me souviens d'une chose qui m'avait étonné durant ce concert.
J'étais juste à côté d'une personne âgée, un africain accompagné d'un adolescent et je pensais alors que ce genre de concert de tradition malinké avait l'avantage de réunir en France des hommes de même cultures, même d'un âge avancé.
Je me trompais!
C'est en plein concert que j'ai compris la véritable raison de sa présence quand Mamady Keïta s'est arrêté de jouer et s'est adressé au public.
"J'aimerais vous présenter mon maître Fadouba Oularé à qui je dois tout ....
Il est parmi nous ce soir accompagné de son fils à qui je demande de venir me rejoindre pour rendre hommage à son père"
Fadouba Oularé avait 78 ans et 32 enfants!
Il avait été le premier soliste des ballets africains en 1959 et avait recruté Mamady Keïta en 1964, ce jeune soliste de 14 ans dans le ballet national "Djoliba" qu'il venait de fonder sur la demande du gouverneur guinéen.
Quand son fils d'une quinzaine d'année est monté sur scène, Mamady lui a donné son djembé et tout en regardant son père il a commencé à jouer!
Le geste était symbolique et toute la salle a ressenti cette émotion! C'était sans aucun doute un grand moment!
"Jamais je n'arriverai à jouer aussi bien" c'est vraiment ce que je pensais à ce moment là!
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