Page 51 - Le grimoire de Catherine
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ILE DE FRANCE, LE PAYS DE MON ENFANCE…


              Je suis un poisson- lune  comme il en naît tant les nuits de pleine lune.  J’ai vu la nuit
              dans    un  des  étangs  de  Ville  d’Avray  et  ma  maman  éblouie  par  mes  écailles
              étincelantes m’a  appelé Lune !

              Habiter dans  un étang vous devez penser que c’est le paradis en comparaison  avec
              mes cousins qui vivent en aquarium.  Ça aurait pu mais voilà dans ce paysage  peint
              par Corot, impossible de rêver. Figurez-vous qu’un poisson chat  a élu domicile sous
              les roseaux et moi je n’aime pas son sourire malicieux.

              Je  ne  veux  pas  continuer  à  frétiller  de  peur    chaque  soir,  aussi  décidai-je  de  partir
              visiter l’Ile de France. Comment  faire ? Les paysages y  sont si divers, les trésors si
              bien cachés, les autoroutes et les chemins de travers si entrelacés !
              Prenons de la hauteur bonsoir Madame la lune.

              La palabre  a duré toute la nuit,  nous avons établi la  marche  à suivre à partir  du  Port
              de  la  Lune  qui      se  trouve  sur  la  Seine  sous  les  lumières  de  Paris.  Si  vous  êtes  un
              rêveur  je vous y ai  certainement croisé. Laissez- vous  flotter avec moi dans le sillage
              d’un bateau mouche.
              Trente sept ponts, tous chargés  d’histoires de  la Grande  aux mille petites. Le Pont
              Neuf  aux  formes  maternelles,  le  pont  Alexandre  III  aux    nymphes  triomphantes  et  le
              pont  Mirabeau murmurant Apollinaire, tous s’illuminent pour fêter notre arrivée.

              Paris,  ville  secrète,  il  faudra    y  revenir.  Je  lève  la  tête   hors  de  l’eau,  surprise !  Les
              phares  des voitures qui circulent sur les voies sur berges dessinent  sous la pluie  de
              longs  faisceaux    d’argent.  Paris,  ville    lumière !  Je  me  demande  ce  qu’en  dirait  le
              poisson-chat  actuellement  bien  niché dans les grandes herbes  de notre étang. Chut,
              il ne faudrait pas qu’il  nous entende parler  des petits rats si célèbres  de l’Opéra.

              Vite au Port de la  Lune, l’Ile  de France, ça n’est pas  que Paris, ne  quittons  pas  la
              Seine pour découvrir l’Essonne,  les Hauts  de Seine, la Seine  Saint- Denis, la Seine
              et Marne, le Val de Marne, le Val d’Oise  les Yvelines.

              Vous avez dû voir que  j’ai cité ces départements par ordre alphabétique  par souci de
              commodité.  Si  cela  vous  gêne,  mettez  tout  dans  une  grande  boite    en  carton,  ce
              matériau est indispensable à la réussite de cette recette, agitez  le tout, plongez votre
              main,  attrapez un premier département, recommencez.


              L’Essonne.  La grand-mère  des poisson- lunes dit que ce fleuve portait  ce  nom pour
              célébrer la déesse   gauloise  des  rivières.  Un coup de nageoires,   nous y voilà. Oh!
              Une  ville    de  briques,  un  alignement  de  cylindres  tronqués.  Evry,  les    chevaux  de
              l’imagination lâchés par tes architectes audacieux galopent dans tes rues.

              Les Hauts de Seine. Des  tours,  des tours, villes  miroirs, villes de verre, le soleil doit
              aimer s’y baigner. Ce doit être pour lui un bon terrain de jeu parmi les nombreux jardins
              habités par des statues.  A  Nanterre se trouve le« Théâtre des Amandiers », j’irai bien
              y écouter l’histoire des hommes, leurs espoirs et leurs peurs.

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