Page 63 - Le grimoire de Catherine
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cracher de la fumée ! Nous ne sommes pas en face d’une représentation anodine
comme on pourrait le penser d’un dieu protecteur de la nature ou encore d’Esope
aux belles histoires mais plutôt de celle d’un minotaure !
Aurions –nous été attirés dans un labyrinthe ?
A y regarder de plus près toutes les allées qui nous entourent sont maintenant
soigneusement dessinées, pensées de manière géométrique .Chaque chemin bien
droit, se termine brutalement, se casse à angle droit pour repartir en arrière et cela à
perte de vue … et de patience.
Nous sommes, je le crains, dans un piège ! Qui nous l’a tendu ? A quelle fin ?
Comment s’en sortir ? Ma compagne, sous le coup de l’angoisse, me murmure qu’elle
sent qu’elle va accoucher. Il nous falloir trouver une solution et vite ! J’ai toujours
pensé qu’un obstacle n’est pas un mur,
Qu’il suffit de le contourner. Je me persuade que nous allons nous en sortir à temps.
Le soir tombe, je regarde ma montre. Comme les aiguilles se déplacent lentement !
Elles indiquent quinze heures trente, étrange, aucune éclipse n’a été annoncée que
je sache. Autre tentative, je vais demander de l’aide avec mon téléphone mais son
cadran s’est modifié. Mes numéros habituels ont été remplacés par un groupe de
consonnes en ordre aléatoire.
Mon optimisme vacille, nous n’allons pouvoir compter que sur nous- même.
Continuons à avancer. Un peu plus loin nous apercevons enfin un vieil escalier
moussu qui se perd sous un bosquet, pourquoi ne pas l’emprunter. C’est peut-être
l’issue de secours, ma compagne aura alors le temps de se rendre à la maternité.
Après la dernière marche, une grande porte basculante, allons-y ! Nous voilà sur une
autoroute souterraine, tout ici est béton et néons. Que de voitures, nous sommes dans
un bouchon, il doit être l’heure à laquelle chacun aspire à rentrer chez soi. C’est une
aubaine et la fin de nos soucis.
Pas de doute, je m’approche du premier véhicule et m’apprête à saluer son conducteur
et lui demander si nous pouvons prétendre être ses passagers. Surprise, personne
n’est au volant, patientons quelques instants, il va obligatoirement revenir.
Rien ne se passe… voyons la deuxième voiture, la troisième, une autre encore.
Aucune trace de vie ! Nous ne sommes pas dans un embouteillage ordinaire, mais
dans un parking, dans une chausse-trappe. Il y règne un silence sidéral.
Sur les murs, des flèches nous conduisent vers panneaux indicateurs, deux
destinations nous sont proposées, je suis sûr d’être arrivé au bout de ce cauchemar.
Sur le premier, nous pouvons voir cette inscription « nocaskanant », sur l’autre
« vokafets ». Il ne manquait plus que cela, c’est écrit en dorien, des signes utilisés au
1er siècle avant Jésus Christ qui demeurent encore aujourd’hui bien mystérieux.
Dans l’incapacité de faire un choix logique, nous nous engageons dans un
vestibule qui s’ouvre un couloir sans fin. Peu à peu nous percevons un petit
ronflement qui s’amplifie, s’amplifie. Guidés par ce bruit, nous arrivons devant une
porte que nous ouvrons impatiemment.
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