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une double infamie
soit la situation, dapporter a Q. Les Etats-Unis sont, aujourd'- Q. Justement, ce qui est particuliè-
ceux qui sont emprisonnés une hui, les plus gros bailleurs de rement choquant, cest que ces
lueur despoir, une consola- fonds du CICR. Ne pensez-vous graves violations solent pratiquées
tion. Elie leur montre que le pas que cela est grave et que par la plus grande démocratie du
monde extérieur ne les oublie Cest difficile pour le CICR de monde, les Etats-Unis, pour qui la
pas. Dautre part, la confiden- sen prendre aux Américains ? guerre contre Lirak était censée
permet
dobtenir,
tialité apporter a ce pays la démocratie et
quelque fois ou méme souvent V.-Y.G. En un sens, oui. Je la liberté. Que peut faire la commu-
de la part des gouvernements, dirais que c'est une situation nauté internationale?
des ameliorations aux condi- qui nest pas same. Surtout
tions de detention et de traite- quand votre plus gros bailleur V.-Y.G. La communauté interna-
ment que Pon ne pourrait pas de fonds est celui qui viole les tionale doit dénoncer cela. Je
obtenir par la voie de la diplo- conventions de Genève de crois qu'il ne faut pas reculer.
matie publique. facon éhontée et flagrante. Cest même rendre service a la
Maisje crois que ce serait faire démocratie
américaine.
Cela dit, la confidentialité pré- on mauvais procès au CICR Personnellement, jai confiance
sente, a mon avis, deux points que de Iui reprocher de la com- dans la democratic américaine
faibles. Dabord, parce que le plaisance vis-à-vis des Etats- qui commence, semble-t-ii, a se
CICR lutilise dune manière Unis. Comme je lai dit, la réveiller. Ii faut dire que cest
inconditionnelle. II ne peut confidentialité est un élément tout a l'honneur des médias amé-
pas la subordonner a des indissociable de Faction tradi- ricains de commencer a se rendre
concessions de la part dun état tionnelle du CICR. La solution compte qu'il y a des agissements
violateur pour le CICR, cest serait peut-être que la Suisse qui sont allés au-delà du toléra-
la confidentialité ou rien. contribue davantage au CICR ble. II faut que la communauté
Seconde faiblesse, la confi- ou que les sources de finance- internationale puisse parler a
dentialité est illimitée. Comme ment soient davantage diversi- haute voix comme quand on
tout principe, elle devrait flees. La contribution amen- parle a un ami. Ii ne faut pas
avoir des limites. Or le CICR caine remonte a un temps ou macher ses mots et dire qu'il y a
na pas formulé de limites. A les Américains étaient parmi un comportement qui est tout a
partit de quel moment les les champions du droit huma- fait inacceptable de la part d'une
nitaire. Mais depuis larrivée
humanitaires démocratie. D'ailleurs cest beau-
devraient-ils
decider que la confidentialité de Bush nous avons a faire a coup plus grave quand une
(surtout si dIe est peu effica- une administration qui consi- democratic se comporte comme
cc) doit prendre fin ? Cest un dère que le droit humanitaire et un pays totalitaire.
dilemme que, je crois, le CICR méme Ic droit international
na jamais pu trancher. sont des corpus a la carte. Angelica Roget
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