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ouverte à tous les Etats – ce qui exclut les pays colonisés qui ne se sont pas encore émancipés
de la domination étrangère –, y compris les vaincus de la guerre. Sur les 42 membres
originaires de la S.d.N., qui compta jusqu’à 57 membres, 26 étaient non-Européens. Ainsi, ont
notamment fait partie de la S.d.N. la Chine, le Royaume de Siam, le Japon, le Libéria et
l’Ethiopie. La S.d.N. fût un échec. Elle ne réussît pas à mettre effectivement la guerre hors-la-
loi malgré la tentative du Pacte Briand-Kellog conclu le 27 août 1928 par tous les Etats
membres de la S.d.N., y compris l’Allemagne, l’U.R.S.S. et le Japon. Quelle qu’ait été la
fortune de la S.d.N. et son incapacité à empêcher la seconde guerre mondiale, son existence
témoigne néanmoins de l’amorce d’un mouvement double au sein d’une société internationale
encore fortement marquée par le colonialisme : une relative universalisation, d’une part, et un
certain degré d’institutionnalisation, d’autre part. Ce mouvement connaîtra une accélération à
la fin de la seconde guerre mondiale avec la création de l’Organisation des Nations Unies
(ONU) et la décolonisation.
Alors que la seconde guerre mondiale n’avait pas encore pris fin dans le Pacifique, 50
Etats ont assisté à la Conférence de San Francisco et signé le 26 juin 1945 la Charte des
Nations Unies. Cette convention internationale, entrée en vigueur le 24 octobre, est le texte
fondateur de l’Organisation des Nations Unies qui occupe aujourd’hui une place de choix au
sein de la société internationale. Les idées sur lesquelles s’appuie l’ONU sont
fondamentalement les mêmes que celles qui ont présidé à la création de la S.d.N.. L’ONU est
une organisation de sécurité collective qui repose sur l’idée que le droit est au service de la
paix. La Charte des Nations Unies présente cependant un avantage certain sur ce point par
rapport au Pacte de la S.d.N.. Le paragraphe 4 de son article 2 met « hors-la-loi » la guerre en
interdisant la menace ou l’emploi de la force entre les membres de l’ONU. Parallèlement, son
Chapitre VII, consacré à l’« action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et
d’acte d’agression » permet de rendre effectif le caractère collectif de la sécurité. Ce Chapitre
VII accorde ainsi au Conseil de sécurité la compétence de prendre des mesures de divers
ordres, y compris des actions militaires coercitives, pour maintenir ou rétablir la paix
internationale.
Parallèlement à ces dispositions normatives qui font sa force, l’ONU a vu le nombre
de ses Etats membres augmenter progressivement, ce qui témoigne de la vitalité depuis plus
de 50 ans du versant international du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes consacré par
er
l’article 1 § 2 de la Charte. Aux 51 membres fondateurs se sont ajoutés de nombreux Etats
pour atteindre aujourd’hui le nombre de 192 membres. La décolonisation a fourni le gros du
contingent des nouveaux membres à partir des années 1950. Ainsi, en 1955, ce ne sont pas
moins de 17 nouveaux Etats africains issus de la décolonisation qui adhèrent à l’ONU. Le
mouvement se poursuit jusqu’au début des années 1980 grâce à l’extension de la
décolonisation tandis que, depuis le début des années 1990, les nouveaux adhérents sont
essentiellement les Etats issus de l’éclatement de l’U.R.S.S. et de l’ex-Yougoslavie, le dernier
d’entre eux, pour l’instant, à rejoindre l’ONU étant la Macédoine en 2006. Avec ses 192
membres, l’ONU est l’organisation internationale universelle par excellence à tel point qu’elle
se confond parfois avec la société internationale et qu’il n’est pas rare de confondre le droit de
la Charte des Nations Unies avec le droit international.
B. Une société internationale de coopération entre les Etats construite sur deux piliers
apparemment antagonistes
Organisation de sécurité collective, l’ONU est le cœur et le centre névralgique
institutionnel de la société internationale. A ce titre, ses fondements sont également ceux de la
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