Page 44 - DISCIPLES DE PRIERE
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Tant d'hommes se contentent de soigner leur
corps ou leur fortune. Mais les explications qui
précèdent montrent qu'une certaine façon de prendre
soin de son Âme laisse échapper le meilleur. La
méprise, en définitive, consiste à traiter l'Âme
comme si elle était fine pour l'homme, alors qu'elle
est seulement ce par quoi il atteint sa fin.
Ce discernement est essentiel. Si noble soit-elle
entre toutes les choses créées, l'Âme humaine n'est
pas en elle-même quelque chose d'assez excellent
pour mériter d'être la fin de l'homme. Nous avons
mieux à faire que de chérir notre âme comme l'objet
par excellence de nos soins.
En réalité, notre âme sera belle et parfaite
lorsque nous aurons par elle atteint un bien différent
et meilleur. Il appartient à notre âme en nous
d'atteindre ce bien et elle en devient parfaite ; mais ce
bien est autre chose que l'âme.
Lorsqu'on dit que l'on travaille à sa perfection,
on n'évite pas non plus toujours l'équivoque que
nous dénonçons : car on entend parfois par là une vie
spirituelle orientée vers l'âme, alors qu'il faudrait
entendre une vie spirituelle orientée vers les objets
pour lesquels l'âme est faite et d'où lui viendra la
perfection.
Le mot de vie intérieure porterait le même
danger si on le tournait dans un sens purement
subjectif. Il est bien vrai qu'il y a lieu de se retirer des
objets distrayants et de se recueillir en soi-même ;
cependant, on ne le fait qu'afin de s'occuper d'autres
objets, ceux qui nourriront l'âme au lieu de la
dissiper. Faute de ceux-là, on ne tarderait pas à
languir.
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