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J’aime bien discourir avec mon aïeul l’orang-outan. Je lui parle longuement. Yeux dans les yeux. Disons plutôt tacitement (Pas de schizophrénie chantait sur tous les tons ma psychothérapeute) et je ré échis à ce qui me manque dans le 1% de gènes qui me différencie de mon grand cousin.
Nul doute, je n’ai pas sa noble agilité (plus le temps passe, plus c’est pire), ni sa rousseur (rêve honteux où j’apparais travestie d’une tignasse orangée, dégainant lip-stick psychédélique, électrisant les foules galvanisées en extase...)
Qu’est-ce que j’ai loupé ?
Plus sérieusement, l’orang-outan est diurne, timide et solitaire (le seul groupe social durable est la mère et sa progéniture qui vivront sept ans ensemble, le temps du sevrage). L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature a classé l’orang-outan parmi les espèces en danger critique en 2000, avec un très haut risque d’extinction, à l’état sauvage dans un futur immédiat, celui de Bornéo en « danger » avec un haut risque d’extinction dans un futur proche. Les orangs-outans seront bientôt tous en captivité, ils pourront nous observer à travers les barreaux de leur chambre forte et nous demander :
qui sont ces imbéciles qui nous ont en-grillagés ?
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