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Avatar en forme de gouttes de pluie, je glisse le long des feuilles souples et luisantes d’une « mère » qui me berce à sa guise, dans la lumière naissante du jour.
Dans un geste ample et distordu, à la manière des titans de Michel-Ange du haut de la Chapelle Sixtine, l’olivier essaime des poussières d’étoile dans un ciel couleur d’aurore.
Le corps noueux, musculeux, de ce cyclope à l’œil hébété, semble rougi par l’effort. Implore-t-il Gaïa pour une pluie orageuse après des siècles de sécheresse ? Le sol mousseux commence à pâlir sous la clarté déjà tiède du petit matin. Les vestiges d’un vert transparent, qu’on pourrait appeler Véronèse, surgissent
de-ci, de-là ...
Mon vieil ami l’olivier, bossu, solitaire et grégaire ne ressemblait pas à l’arbre
pictural. Lui, s’enracinait solidement dans une terre sèche et rocailleuse, en même temps qu’il offrait une frondaison légère et instable. S’il avait été plus jeune on aurait pu croire qu’il  irtait silencieusement, amoureusement avec le zéphyr. Il se moirait, se roulait avec délice, dans une succession de terres vertes jusqu’à blanc métallisé, comme dans un jeu de hasard. S’amusait à pile ou face.
Hologramme éblouissant. Film muet.
L’olivier serait-il trop sage pour raconter ?
Son silence serait-il à dessein, pour nous imposer sa paix intérieure ?
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