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Le mur ocre rouge protège du regard la vitalité de Marrakech et reçoit l’ombre dessinée d’un palmier ivre de sommeil.
Elle s’appuie contre son double ombragé, pour se rafraîchir, en s’abandonnant jusqu’à terre a n d’observer sans être vu.
À faire si on a le temps.
Son visage mutin et mutant, mi humain, mi végétaux en  eurs, sa peau teintée par les re ets carminés du mur. Douce à ef eurer, à dévaler, à égrener, son œil, son nez, sa bouche. Au réveil de la sieste, les enfants nous offrent ces pommettes rougies par le sommeil, comme deux abricots moelleux, innocents de bonheur plein de santé. Son court nez espiègle et résigné reni e l’odeur des feuilles, automne-ébouriffé, d’une espèce de saule-pleureur revisité année deux cents mille. Son feuillage plumé, (je dirais sorte de ballet chiotte pour nettoyer un monde sale), roll and rock contre son visage inquisiteur, acéré, d’une beauté intelligente.
Et lorsque je regarde son œil comme un panorama sur son âme, je saute dans une eau verte où les nénuphars blancs, cœur d’étamines jaunes, se déplient mais vacillent chaque jour.
Ce qui m’interpelle, ce sont les ombres portées sur sa peau, en forme de tatouages éphémères. Les ombres coupées à la serpe des paysages nord-africains forment des peintures précaires sur les murs dénudés et donnent vie au minéral en le métamorphosant selon la course du soleil.
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