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La maison en surplomb, présentait une façade éventrée où les rideaux volaient comme des songes murmurés par la brise méditerranéenne. La balustrade, ferronnerie d’un jour, courait à l’étage le long de la façade pour permettre d’observer à toute heure du jour et de la nuit, la course du soleil et des étoiles. On pouvait dormir à la Grande Ourse, au bord de la mer, fermement arrimé sur le carrelage baroque, une terre cuite rouge velouté, qui se comportait comme un accumulateur de chaleur diurne.
Sur un coup de tête, on aurait pu faire basculer la baignoire contre la balustrade pour déverser l’eau du bain directement dans la piscine, tant les limites entre intérieur et extérieur de la demeure, fusionnaient, disparaissaient.
Nous pressions les feuilles gorgées de sucs du vieux romarin qui nous regardait s’émerveiller de respirer la paume de nos mains subitement parfumée. Il bordait amoureusement la ligne ondulante de la terrasse, tandis que l’erysimum helvéticum accompagnait l’escalier pierreux vers la piscine, dans un feu d’arti ce multicolore.
L’arbre aux papillons bleu Lanvin, salé par l’air marin, n’en  nissait pas de s’étendre, de gesticuler, étouffait le jeune bougainvillier mauve, étayé sur le pignon de la chambre en rez-de-jardin, et encouragé par un arrosage électrique régulier. Flip– ap. Les deux couleurs s’emmêlaient dans un plaisir pour les yeux, un genre de poissons tropicaux en fuite.
Et je ne vous parle pas de la myrte, du plumbago ou dentellière du cap, des deux grands pins parasols en bordure de piscine, des hortensias roses, des agaves, du mimosa foisonnant... ah ! merveilleuse villa La Boyère qui abrite mes souvenirs remplis d’ef uves du jardin.
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