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J’aimerais qu’il existe des lieux stables, immobiles, intangibles, intouchés et presque intouchables, immuables, enracinés ; des lieux qui seraient des références,
des points de départ, des sources (...)
Georges Perec
Rêvait une jeune femme, assise à la terrasse d’un de ses cafés italiens, arrimé contre une éblouissante place de la Renaissance, inondée de parasols blancs soigneusement alignés.
La place offrait la sécurité, à un monde léger et futile, par ses façades homogènes et répétitives. Les emprunts au vocabulaire de l’architecture grecque, me plongeaient dans des souvenirs de ruines d’une époque de grandeur, ce qui attait mon inclinaison pour les vapeurs romantiques. La place ne se contemplait pas, elle se vivait parce qu’elle était étendue. Il fallait circuler pour l’appréhender dans son ensemble, au contraire d’autres places romaines comme la place du Capitole.
La femme enveloppée dans son manteau tissé de lumière offre un visage paisible, caché en partie par une main déterminée.
Aucune effusion lyrique.
L’atmosphère, est transparence, douceur et sérénité. Des ombres couleurs de
perles accentuent l’harmonie des couleurs dans l’intimité des tons ambrés. L’action est en suspend. Le temps s’arrête. L’ambiance éthérée, irréelle.
Le spectateur franchit les limites du tableau, pour rejoindre le regard enjoué
de cette femme enrobée de solitude.
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