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MONDE ARABE 9
Lundi 10 Févrierr 2020
Syrie
L'ARMÉE SYRIENNE POURSUIT
LA RECONQUÊTE D'IDLEB MALGRÉ
LES MENACES DE LA TURQUIE
Face à la reconquête de la province d'Idleb par l'armée syrienne, qui continue de progresser, le président Recep Tayyip Erdogan a menacé
le gouvernement de Bachar el-Assad de représailles, allant même jusqu'à lui poser un ultimatum.
’armée syrienne a repris le 8 février la
ville clé de Saraqeb, située à la jonc-
Ltion de deux autoroutes stratégiques
dans l’est de la province d’Idleb. Les
troupes poursuivent ainsi la reconquête,
lancée mi-décembre, de cette enclave dji-
hadiste du nord-ouest syrien qui échappe
encore au contrôle du président Bachar el-
Assad, malgré les nombreuses mises en
garde de la Turquie qui a, de nouveau, me-
nacé de représailles en cas d’attaque de ses
avant-postes militaires dans la région, le
même jour.
«Des unités de l’armée (syrienne) contrô-
lent désormais la totalité de la ville de Sa-
raqeb», a rapporté la télévision publique
syrienne le 8 février, diffusant en direct des
images de quartiers de la ville désormais
déserts. Par ailleurs, l’agence de presse pu-
blique syrienne Sana a fait état de la «fin»
des opérations de «ratissage» dans la ville
située à 20 kilomètres au sud-est d’Idleb.
Saraqeb se trouve à la jonction de deux au- quêtes interviennent alors que la Turquie, vice et sont capables de se protéger avec internationale de justice à La Haye.»
toroutes clés, M5 et M4, que le gouverne- qui soutient certains groupes islamistes les armes et l'équipement dont ils dispo- Autre acteur du conflit, la Russie, qui épaule
ment syrien cherche à reconquérir en vue dans la région, a envoyé le 7 février 350 vé- sent.» Avant de menacer : «En cas de nou- Damas dans la lutte contre les groupes ter-
de relancer une économie ravagée par près hicules chargés de commandos et de mu- velle attaque, une réponse appropriée sera roristes, avait annoncé ce 6 février la mort
de neuf années de guerre. La voie M5 relie nitions pour renforcer ses positions à Idleb, mise en œuvre de la manière la plus forte, en Syrie de plusieurs experts militaires
Alep, deuxième plus grande ville du pays et selon l'agence de presse publique Anadolu, basée sur le droit à l'autodéfense.» De son russes et turcs au cours du mois de janvier.
ancien poumon économique de Syrie, à la suite à la mort de quatre de ses soldats côté, le président turc Recep Tayyip Erdo- Selon le ministère russe des Affaires étran-
capitale, Damas, tandis que la M4 relie Alep tués par l'armée syrienne. Commentant cet gan a posé un ultimatum, selon les termes gères, ces experts étaient chargés de faire
à la ville côtière de Lattaquié, fief de Bachar incident, Moscou avait Ultimatum et menaces de l'AFP, au gouverne- respecter le cessez-le-feu dans la zone de
el-Assad. Fin janvier, les forces du gouver- accusé Ankara de ne pas ment syrien, lui deman- désescalade d'Idleb conformément à l’ac-
nement syrien, appuyées par leur allié avoir prévenu de son opération dans cette dant d'éloigner ses troupes des postes cord russo-turc de septembre 2018. Mais
russe, avaient déjà reconquis la ville clé de région. Les forces turques se seraient alors d'observation militaires turcs d'ici fin fé- malgré cet accord, «les terroristes n'ont pas
Maaret al-Noomane, la deuxième plus retrouvées sous le feu de l'armée syrienne, vrier. Farhettin Altun, le porte-parole du réduit leurs activités, intensifiant au
grande de la province d'Idleb, également en pleine opération antiterroriste dans la président Erdogan, a quant à lui déclaré contraire leurs attaques» dans la région,
traversée par la M5, l'axe routier le plus région. que l'évolution de la situation à Idleb était d'après le communiqué du ministère, qui
long du pays. Un peu plus de la moitié de La Turquie a en outre menacé le 8 février devenue intolérable pour Ankara, rejetant précise : «Le nombre de morts et de blessés
la province d'Idleb et des secteurs atte- de représailles si ses avant-postes mili- la responsabilité de la crise sur le dirigeant parmi les troupes syriennes et les civils en
nants des provinces voisines d'Alep, Hama taires, dont trois ont été encerclés par les syrien. dehors de la zone de désescalade se
et Lattaquié, sont toujours dominés par les forces loyales au président Bachar el-Assad, Dans des propos rapportés par l'AFP, il a compte en centaines.» Le porte-parole du
djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, étaient attaqués dans cette province de tempêté : «Nous ne pouvons pas tolérer ce Kremlin, Dmitri Peskov, a pour sa part af-
dont l'une des principales composantes est trois millions d'habitants. Sur Twitter, le mi- qui se déroule à Idleb. Nous demanderons firmé que les attaques terroristes perpé-
l'ancienne branche syrienne d'al-Qaïda, le nistère turc de la Défense s’est dans un pre- des comptes pour nos martyrs [...] La place trées contre l’armée syrienne et les
Front Fatah al-Cham), et d'autres groupes mier temps voulu rassurant : «Nos postes de Bachar el-Assad à l'avenir [...] n'est pas infrastructures russes étaient fomentées
de rebelles islamistes. Cette série de recon- d'observation à Idleb sont toujours en ser- dans son palais présidentiel, mais à la Cour depuis une zone contrôlée par la Turquie.
Irak
À Najaf, les “Casquettes bleues”
infiltrent les groupes de manifestants
Les manifestations anti-gouvernement en Les affrontements à Najaf entre manifes- mier ministre, lequel est soutenu par le lea- Censés protéger les manifestants au début
Irak ont une nouvelle fois dégénéré en vio- tants anti et pro Moqtada Sadr, le leader du der sadriste. Les partisans de Sadr, appelés du mouvement de contestation en octobre
lences meurtrières dans la ville chiite de parti conservateur chiite Mouvement Sa- les “Casquettes bleues” du fait de leur cou- 2019, ses partisans répriment les nom-
Najaf, dans le sud du pays, où 23 personnes driste, ont également fait plus de 182 bles- vre-chef s’en sont pris, notamment depuis breuses manifestations et sit-ins anti-gou-
ont trouvé la mort. Au banc des accusés, sés, selon le Centre irakien de le début du mois, aux nombreux sit-ins et vernement depuis le 2 février 2020. Un
une milice qui collabore avec le gouverne- documentation des crimes de guerre. La manifestations tenus dans les principales revirement qui fait suite à des déclarations
ment : les “Casquettes bleues”, des parti- province de Najaf n’avait pas donné de villes irakiennes. de Moqtada al Sadr qui a appelé, au lende-
sans du mouvement sadriste conservateur, bilan au soir du 7 février. Les Casquettes bleues portaient jusqu’en main de la désignation du Premier minis-
qui usent depuis plusieurs semaines d’une Les manifestants anti-pouvoir protestent octobre 2019 le nom de Saraya Al-Salam tre- à "rouvrir les routes bloquées [par les
violence extrême contre les protestataires depuis le 1er février contre la désignation (Brigades de la paix), organisme religieux manifestants] "et à "punir tous ceux qui en-
dans les grandes villes chiites irakiennes. de Mohamed Taoufiq Allaouicomme Pre- armé fondé par Moqtada Sadr en 2014. travent le retour au quotidien et au travail."