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4 ACTUALITE
Mardi 08 Octobre 2019
Endettement extérieur
LES AVIS DIVERGENT SUR LE SUJET
Les pessimistes voient dans le recours à la dette une solution si l’argent était utilisé pour investir en Algérie. Les pessimistes refusent la dette
car les citoyens en payeront les conséquences. Un grand débat national est ouvert au niveau des hautes institutions de l’Etat : Faut‐il ou non
recourir à l’endettement extérieur. Les pessimistes rejettent cette option car, selon eux, elle diminuerait la souveraineté nationale. Les dé‐
fenseurs de la souveraineté nationale rappellent la crise induite par la dette extérieure en 1986.
Saïd Ibrahim chaîne 3 de la radio nationale, le
ous avons été obligés 2 octobre dernier, il a voulu être
d’appliquer les plans du pédagogue. Pour faire passer la
Nfonds monétaire interna- pilule, les responsables algériens
tional (FMI). Des centaines d’en- rassurent les citoyens et leur pro-
treprises nationales ont été mettent de ne pas s’adresser au
fermées. Des dizaines de milliers FMI pour emprunter. Ils ont solli-
de travailleurs jetés dans la rue du cité en effet la Banque mondiale,
jour au lendemain. Voilà ce que la Banque africaine de développe-
signifie le recours à l’endettement ment (BAD) ou la Banque isla-
extérieur », dit un ancien cadre à mique de développement (BID).
BATIMETAL, une entreprise qui Pour commencer, Abdelkader Gliz
avait fait les frais du rééchelonne- reconnaît que le budget 2020 en-
ment. Belkacem Boukrouh, un registre déjà un déficit. Il estime
professeur d’économie à l’Univer- que le recours à la dette exté-
sité de Tizi Ouzou, se montre ré- rieure pourrait être la solution
ticent et interpelle les autorités du idoine, mais il tire la sonnette
pays à revoir la loi de Finances d’alarme. « Tous ces financements
2019. « L’endettement extérieur ne pourront pas réduire ce déficit
est un financement qui lamine la », précise-t-il, tout en rassurant les
souveraineté nationale. Tout en- Algériens : « Un endettement ex-
dettement externe est accompa- térieur, s’il n’est pas excessif, s’il
gné d’une perte de souveraineté est effectué selon les normes,
», martèle-t-il. Cet expert met en c’est-à-dire à des niveaux de
exergue deux limites à ce sujet. « pourcentage acceptables, peut
On ne peut emprunter autant que être bénéfique pour le pays ». Il utiliser ce reliquat comme garan- geux au profit des pays dévelop- cadre dans une banque publique
l’on veut », explique-t-il. met en garde aussi : « Si cet ar- tie pour accéder à un financement pés. « Des pays comme la France, à Alger.
Abdelkader Gliz, un professeur à gent issu de l’endettement ex- extérieur ». les USA et la Grande-Bretagne Les Algériens sont presque una-
l’École supérieure de commerce terne est destiné aux dépenses de Les institutions financière interna- peuvent emprunter à des taux nimes à rejeter l’endettement. « Je
de Koléa, se veut pédagogue. Il fonctionnement ou à la consom- tionales agissent avec les pays très bas. Certaines institutions fi- ne suis pas un expert mais je sais
annonce les avantages et les in- mation, ce sera une mauvaise op- comme les banques le font avec nancière leur proposent des taux que si l’Algérie avait une dette, ce
convénients de l’endettement ex- tion ». Il propose aussi : « les 200 leurs clients. Eu égard à la situa- négatifs. Par contre des pays où il sont les citoyens qui trinqueront
térieur. En effet, lors de son milliards de dollars de réserves de tion économique internationale, n y a pas la stabilité se voient ap- pour les fautes commises par les
passage dans une émission éco- change ont fondu. Il ne reste dans les institutions financières appli- pliquer des taux forts pouvant responsable du pays », dit une re-
nomique sur les ondes de la les caisses que 60 milliards. Il faut quent des taux d’intérêt avanta- aller jusqu’à 10% », révèle un traitée de l’Education.
Nouveau Plan Cancer en Algérie
Le ministère de la Santé se veut rassurant
Le prochain Plan Cancer doit structuré. Lorsqu'il arrive aux argumente-t-elle, préconisant, par tel chez les hommes. risque comportementaux, alimen-
prendre en charge les insuffi- structures de soins, ce dernier est ailleurs, une prise en charge par la Ainsi, sur les quelque 50.000 nou- taires…, souligne la même res-
sances du précédent Plan perdu car orienté dans tous les Sécurité sociale des malades se veaux cas de cancer enregistrés ponsable, rappelant les actions
2015/2019, notamment en ma- sens et cela lui fait perdre beau- soignant dans le secteur privé. chaque année en Algérie, 12.000 entamées ces dernières années
tière d'organisation du circuit du coup de temps alors que celui-ci Ces derniers, a-t-elle renchéri, cas concernent le sein alors que le dans ce sens par le département
cancéreux, a plaidé la sous-direc- est compté pour lui. C'est cela la étant également concernés par le cancer digestif représente plus de de la Santé, en concertation avec
trice chargée des maladies non principale hantise des patients", programme national de lutte 60% des cancers affectant la gent d'autres tout aussi impliqués par
transmissibles (MNT) au ministère a-t-elle explicité. contre le cancer. Lequel pro- masculine. Ceci, au moment où le ce défi. Des actions qui s'inscri-
de la Santé, de la Population et de Tout en considérant que "l'orga- gramme est, selon elle, censé im- cancer entraîne le décès de vent dans le cadre de la préven-
la Réforme hospitalière, Dr Nadir nisation du circuit des cancéreux pliquer "l'ensemble des bailleurs quelque 20.000 personnes tion dite "primaire".
Azirou Djamila, notant que l'ob- permettra l'amélioration de leur de fonds", dans la mesure où il chaque année.Commentant l'inci- Il s'agit, entre autres, de la révi-
jectif est "l'amélioration de la vie" qualité de vie pendant leur mala- s'agit de "l'argent du contribua- dence de cette pathologie dévas- sion par le ministère du Com-
des patients. die", la même responsable a dé- ble". tatrice, la spécialiste tient à merce du texte réglementant
Le Plan Cancer 2015-2019 "est ploré que cette dimension n'a pas Abordant l'aspect de la préven- préciser que ces chiffres reflètent l'étiquetage des produits alimen-
une opportunité officielle per- été incluse dans le Plan Cancer, tion du cancer, dite "secondaire", une hausse constante des cas, taires, de sorte à ce que le
mettant de structurer toute une qui arrive à son terme cette Dr Nadir a précisé que celle-ci mais néanmoins une baisse du consommateur soit informé des
réflexion sur les avancées réali- année, estimant que "le malade vise l'instauration d'une "culture nombre des décès dus au cancer, composantes de ces derniers
sées et les défis à relever en ma- n'a pas à se soucier de sa prise en du dépistage" et du "diagnostic sous toutes ses formes, et ce, se alors que celui de l'Industrie s'at-
tière de lutte contre le cancer. A charge, depuis la connaissance de précoce" chez les citoyens, avec félicite-t-elle, grâce aux multiples tèle à promulguer "bientôt" un
ce propos, le prochain Plan, qui son diagnostic jusqu'à sa fin de un focus sur le cancer du sein, actions de sensibilisation enga- autre texte imposant la confor-
est appelé à être élaboré à l'ave- vie", pour ceux qui n'en guérissent d'où l'instauration depuis gées ces dernières années par le mité de ces produits aux normes
nir, doit prendre en charge les in- pas. quelques années de l’opération ministère de la Santé. internationales inhérentes aux
suffisances du premier Plan, "Faute d'accompagnement, les fa- 'Octobre rose’, dédiée à la sensi- taux de sucre, de gras…, détaille-
s'agissant notamment de l'orga- milles des cancéreux souffrent bilisation contre ce type de can- Une sensibilisation t-elle.De son côté, le ministère de
nisation du circuit du cancéreux", énormément avec ces derniers, cer. Celui-ci, rappelle-t-elle, étant multisectorielle l'Agriculture et de la Pêche est
a précisé Dr Nadir, à l'occasion de notamment lorsqu'ils arrivent au la forme qui "pèse le plus" et de- sensibilisé sur l'importance d'en-
la célébration du mois 'Octobre stade final. C'est pourquoi le pro- meurant la 1ére cause de décès La prise en charge du cancer courager la culture des produits
rose’. chain Plan devrait également pré- chez les femmes, alors que le can- passe nécessairement par la pré- de plus en plus bio, a-t-elle
"Le circuit du malade n'est pas voir des assistantes sociales", cer du colorectal est le plus mor- vention contre les facteurs de ajouté.