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16 CULTURE
Mardi 26 Novembre 2019
Opéra d'Alger
INAUGURATION D’UNE GALERIE D'ART
Une nouvelle galerie d'art a été inaugurée samedi soir à l'Opéra d'Alger par une exposition collective réunissant les œuvres d'une dizaine
de plasticiens algériens sur les paysages, les monuments et les coutumes de la Serbie.
ntitulée "La Serbie vue par des artistes
algériens", cette exposition collective
Id'œuvres de huit artistes peintres a été
élaborée en partenariat avec l'ambassade
de Serbie en Algérie après une résidence
de création.
Ce nouvel espace situé dans le hall de
l'Opéra d'Alger Boualem-Bessaih a été
conçu comme une galerie d'art à part en-
tière qui ambitionne de profiter de la fré-
quentation importante de cet
établissement pour mettre en avant les tra-
vaux de plasticiens algériens dans de
bonnes conditions, indique son directeur
Noureddine Saoudi.
Cet espace aménagé aux normes d'une ga-
lerie d'art en matière de cimaises et d'éclai-
rage, "sera géré par un professionnel du
marché de l'art" qui sera installé prochai-
nement, et qui aura pour mission de sélec-
tionner les artistes et élaborer les
exposition en plus de s'occuper du volet de
la vente d'œuvres d'art, précise le directeur ner comme une galerie d'art à part entière production d'un monastère, Mohamed Bouzid et Djamila Ababsia.
de l'Opéra. et proposer des expositions de haute fac- Demis et Salim Bouhali qui ont travaillé sur L'exposition "La Serbie vue par des artistes
S'il compte mettre en avant le travail de ture. Cette exposition regroupe des artistes le costume folklorique féminin en Serbie algériens" se poursuit jusqu'au 28 novem-
jeunes artistes, cet espace devra fonction- comme Nedjma Laib qui propose une re- ainsi que des artistes comma Abderrezak bre.
Histoire / L’Algérie en période ottomane
Le secret de l’étrange étoile à six branches sur l’étendard
du pacha Kheïreddine Barberousse, premier Beylerbey d’Alger
Par : Mehmet Tütüncü*, chercheur universi- à gauche de celui-ci figure ce qu’on appelle ordre soufi) et lieux semblables, on retrouve de David). Pendant les périodes suivantes,
taire turc au sein du SOTA (Stichting Onder- Pençe-i Âl-i Abâ (plus connu sous le nom « le sceau de Souleymane dessiné sur la cou- les juifs ont adopté ce seau comme un sym-
zoek Turkse en Arabische wereld), fondation la main de Fatma »*), et en bas de l’éten- pole, le plafond, ou bien sur le seuil des bole sacré, et l’ont brodé sur les étendards,
pour la recherche sur les mondes arabe et dard on voit le seau du prophète Soliman portes. Le pacha Barberousse Kheïreddine a les fanions et les amulettes et ont en fait un
turc. orné de motifs. On a utilisé de la soie fait broder le motif du sceau de Souley- talisman (pour se protéger) contre la sorcel-
Les armoiries et l’étendard du pacha blanche comme couleur de cette figure et mane sur son drapeau pour « pouvoir lerie. Et quand ce symbole est devenu de
Kheïreddine Barberousse : des écrits sur la bannière. L’étendard est contrôler les vents de la mer ». Et c’est ainsi plus en plus fréquemment employé par les
Il est très probable que les symboles se bordée de houppes vertes. L’encadré com- qu’est née cette tradition. Le prophète Sou- juifs, son usage à ce moment-là a diminué
trouvant à côté de la tablette datant de l’an- porte une partie du verset 13 de la sourate leymane, loué par le Saint Coran et dont chez les musulmans pour être complète-
née 1242 de l’hégire (l’année 1826 du ca- As-Saff (Les Rangs) : « Nasroun minallahi wa Dieu a dit qu’il a créé une magnifique civi- ment abandonné de nos jours. Dans un do-
lendrier grégorien), soient ceux du pacha fethoun qarib wa bechir-il-mou’minine » (« lisation, a été un prophète « roi ». Comme cument daté du 22 septembre 1916, qui se
Kheïreddine Barberousse, même si la ta- un secours [venant] d’Allah et une victoire indiqué dans le Coran, le « vent » soufflait trouve dans les archives historiques de la
blette est inscrite au nom de Husseïn Dey, prochaine. Et annonce la bonne nouvelle dans la direction que Souleymane souhai- marine, à l’Istanbul Deniz Müzesi (Musée de
dernier pacha d’Alger. Ces symboles, qui se aux croyants ») ainsi que « Ya Mohammed » tait par un simple ordre de ce dernier. Et la marine de la ville d’Istanbul), l’étendard
composent d’une étoile à six branches, d’un (Ô Mahomet). Juste en dessous du verset fi- donc, comme il arrive à tout marin, le pacha qui repose sur le tombeau, au mausolée du
croissant et d’une main (la « Pençe-i âl-i abâ gure l’épée Zülfikar. A droite, au dessus de Kheïreddine Barberousse s’est retrouvé di- pacha Kheïreddine Barberousse, est pré-
» ou « main de Fatma », en turc) montrent l’épée se trouve le nom d’Abou Bakr, en bas rectement confronté aux vents de la mer senté comme suit : « ceci est l’unique éten-
des similitudes troublantes avec le « Barba- le nom d’Othmân ; à gauche au dessus de pendant la bataille de Prévéza, la plus dard qui nous est parvenu entre les mains
ros Sancağı » (l’étendard de Barberousse, l’épée se trouve le nom d’Omar et en bas grande bataille navale de son temps. Le parmi les étendards qui ont été hissés sur
en turc) exposé au musée de la marine, à sur le même côté le nom d’Ali. Les noms des pacha Kheïreddine Barberousse a sollicité les galères, durant les heures glorieuses de
Beşiktaş, à Istanbul. On rapporte que cet quatre califes sont entourés par un crois- l’aide de Dieu face aux vents contraires. la marine ottomane. » Les ressemblances
étendard a été conçu soit pendant les an- sant. A gauche de la poignée de Zülfikar fi- C’est ainsi que le pacha Kheïreddine Barbe- entre cet étendard et les signes qui figurent
nées de service du pacha Kheïreddine Bar- gure la main de Fatma, et en bas le sceau rousse rapporte dans ses mémoires : « au à l’entrée du bâtiment de l’Amirauté à Alger
berousse en tant que Kaptan-ı Derya (Grand du prophète Saloman (« Souleymane » en début de la bataille, le vent du sud soufflait est un héritage encore vivace du pacha
Amiral de la flotte ottomane), de 1534 à arabe). Le sceau du prophète Souleymane fortement. J’ai éparpillé sur la surface de la Kheïreddine Barberousse. Si on faisait une
1546, soit environ cinquante ans après sa (Aleyhi Salam*) qui se compose de deux mer des feuilles sur lesquelles étaient écrits recherche encore plus approfondie au bâti-
mort. L’étendard qu’on attribue au pacha triangles entrelacés a été largement ré- des versets du Saint Coran et j’ai prié Dieu ment de l’Amirauté à Alger, la recherche sur
Kheïreddine Barberousse est l’une des pandu et utilisé par les musulmans. A Istan- Tout-Puissant, moi son humble et faible ser- les monuments et vestiges laissés par le
pièces les plus importantes du musée de la bul, on voit ce sceau de Souleymane (Mühr-i viteur, de m’accorder la pitié et la bienveil- pacha Kheïreddine Barberousse et les Turcs
marine, à Beşiktaş. L’étendard est en soie Süleyman, en turc) dessiné sur le toit, les lance qu’il ne m’avait pas accordées jusqu’à (en Algérie) dévoilerait des détails plus sur-
verte et est richement composé. Sur celui- murs, et les vitres des fenêtres de plusieurs ce jour-là. Ma prière a été exaucée. Les vents prenants encore et donnerait des résultats
ci on voit des versets du Coran dans l’enca- mosquées qui ont été bâties il y a des cen- se sont d’abord calmés, puis ont changé de fructueux. Malheureusement, il ne nous a
dré d’en haut, le nom du noble Prophète, et taines d’années de cela. Ce sceau a été très direction. » (p.204) Cette étoile à six pas été possible de continuer notre chemin
les noms des quatre premiers califes de l’Is- utilisé comme broderie par les artisans dé- branches, largement et fréquemment utili- à l’intérieur du bâtiment de l’Amirauté mais
lam écrits à l’intérieur d’un croissant. Au mi- corateurs musulmans sur du métal, du bois, sée dans l’histoire de la Turquie et de l’Islam nous continuons nos tentatives de re-
lieu de l’étendard se trouve le sabre du en architecture, en tissage et dans beau- a commencé, au fil du temps, à être em- cherches au sujet de cette importante ré-
calife Ali, appelé Zülfikar (ذو الفقار Dhoul coup d’autres domaines. Dans les Tekke (bâ- ployée par les juifs et les francs-maçons gion historique (l’Algérie) dans l’histoire de
Fiqar en arabe, c’est l’épée à deux pointes), timents où se réunissent les derviches d’un sous le nom du « Seal of David » (Le sceau notre marine.