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Ainsi  donc,  j'ai  tourné  à  gauche.

          Mon  baluchon  sur  l'épaule  et  mon
          courage à deux mains. J'ai gravi les
          marches,  une  à  une,  péniblement.

          Au  sommet  m'attendait  la  porte  de
          ce  bâtiment  vers  lequel  on  m'avait

          recommandé de me rendre.



          "Ils  pourront  peut-être  faire  quelque  chose  de  toi",  avaient-ils  dit  à  l'Office  des
          Etrangers.

          J'ai poussé la porte. Décliné mon identité. Vidé mon sac.
          J'ai souri en voyant la tête horrifiée de l'agent du gouvernement devant l'hétéroclicité
          de mes biens et le fatras qu'ils représentaient, une fois étalés sur la table.

          Ce que j'étalais devant lui représentait le fruit de dix ans de rue.
          Dix ans !



          Temps pour que la roue tourne. Histoire de me permettre de reprendre des forces.
          Après ce passage en justice dont le jugement m'avait paru être oeuvre du diable.
          Pas de circonstance atténuante. Risque de récidive. Et puis la victime principale était

          fils de je ne sais plus quel député. Ceci expliquant sans doute cela.



          Depuis que je suis gosse, je n'ai jamais aimé les fils de...
          Quand je repense à mon enfance, j'en ai les larmes aux yeux. Mes rêves de devenir
          empereur  du  pétrole,  amoureux  d'une  impératrice  de  femme  m'attendant  à  la
          maison et s'occupant de deux beaux et intelligents enfants promis à de hautes études

          pour reprendre l'empire financier que j'aurais construit. On en a de ces rêves, gosse !
          En lieu et place de ça, j'ai dû me contenter d'un enseignement chez les cathos, avec

          un espèce de pape pour prof, assénant ses préceptes de Bien et de Mal à grands
          coups de latte sur la tête de ses ouailles !
          Je  me  souviens  qu'à  l'époque  déjà,  je  sortais  des  sentiers  battus  et  faisais  l'école
          buissonnière,  jouant  au  pendu  dans  les  arbres  du  quartier  et  me  rendant  chez  un

          petit vieux du voisinage, un espèce d'ermite qui vivait seul dans une petite maison
          sombre. Il était gentil, le monsieur. Il me me faisait faire le tour du monde avec ses

          histoires. Et chez lui, dans cette petite maison, je pouvais me prendre pour un dieu de
          la mythologie, écoutant ses récits passionnants des aventures de Gilgamesh, Oedipe,
          Hercule, et bien d'autres encore. J'en apprenais des choses sur nos Pères, comme il

          aimait à les appeler.
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