Page 38 - Magazine tarot Bateleur e-Book
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Ah, merveilleux ermite, que n'as-tu éclairé mon enfance du rayon de soleil de tes
récits magiques... Souvenir des jours heureux.
Mais je m'égare.
Dix ans d'errance, disais-je. Dix ans pour m'être pris pour Fangio, avec mon char qui
ne riait pas haut pour l'occasion. J'ai joué la Grande Faucheuse, un soir de retour
d'agapes fraternelles trop arrosées. Ce couple de jeunes amoureux qui circulait sur le
bas-côté de la route... ils avaient trop trinqué, eux aussi. Et à mon arrivée, ils ont
voulu faire du "stop", me barrant quasiment la route. Ravages de l'alcool. De part et
d'autre. Mais c'est moi qui étais en voiture et c'est moi qui les ai écrasés. Dix ans.
Parfois je repense à eux, parfois j'essaie de réécrire l'histoire.
A quoi cela sert-il ? Le passé n'existe pas. On ne refait pas hier.
Après avoir purgé ma peine, je me suis retrouvé seul, sur le pas de la porte de la
prison.
Personne pour m'attendre. Ni parent, ni ami. Sans logement. Un brave sans papier
qui sortait le même jour que moi, m'a hébergé quelque temps chez des amis "de la
famille".
Trois mois plus tard, j'ai pris mon baluchon. J'ai bougé. Je ne vois pas d'autre terme
pour expliquer la façon dont j'ai tué le temps. Bouger. Condamné à errer dehors, sous
le soleil le jour, la lune et les étoiles la nuit, j'ai donc connu l'errance... J'ai voyagé.
J'ai sur-vécu.
Et me voilà. Dans ce drôle de bâtiment.
Devant un brave fonctionnaire qui se
demande ce qu'il doit faire avec toutes ces
bricoles. C'est vrai qu'il n'y a vraiment rien
d'utile là-dedans. Et encore moins d'objets
de valeur. Si ce n'est les souvenirs qu'ils
charrient avec eux... Machinalement, je
reprends le jeu de tarot qu'un SDF m'avait
donné lors d'un passage à Paris. Je
l'enfonce dans ma poche.
Et, suivant une injonction du bras, je me
dirige vers une porte blanche. Je dois aller
parler à une dame qui se trouve derrière,
me dit-il.
... la suite dans le prochain magazine ...
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