Page 16 - Vivavignon
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laissé.e de côté sur une décision. Il n’existe pas de phénomène de majorité- minorité. C’est une forme de démocratie directe participative très impliquante et responsabilisante. Bien sûr que non je n’étais pas sûr que cela fonctionnerait. Beaucoup ont d’ailleurs essayé de me dissuader de me lancer dans l’aventure. Mais j’avais la conviction que c’était une forme d’aboutissement de mon travail d’entrepreneur. Je n’avais donc pas la certitude, mais la volonté que cela fonctionne !
Au quotidien, concrètement, ça change quoi ? Toutes les décisions sont-elles prises en commun ? Est-ce que cela veut dire que tout le monde peut avoir le profil de l’entrepreneur ? Toutes les décisions importantes sont prises ensemble, oui, mais pas toutes les décisions. C’est une nuance cruciale ! Et je dirais que c’est même le contraire. De nombreuses décisions sont prises sans moi et c’est très intéressant.
Nous avons une vraie méthodologie sur la prise de décision. Aucune décision ne peut être prise à moins de trois personnes, et sur les trois, il doit y avoir une personne non-impliquée dans la décision. Je pense que nos décisions sont globalement meilleures de cette façon.
Cela veut dire que tout le monde peut occuper une place plus importante dans le groupe, mais ce n’est pas pareil que de dire “tous patrons”. C’est un lieu commun sur les SCOP qui ne reflète pas la réalité. Il existe des phénomènes de leadership dans un groupe !
très impliquant pour l’équipe. Nous avions déjà ce fonctionnement sur certains aspects du travail. Maintenant nous sommes devenus des associé.e.s officiels, cela change complètement le prisme de l’entreprise. Il n’y a plus un patron et ses salarié.e.s, mais bien une équipe sur le même navire.
Être en SCOP permet de créer une implication responsable. Chacun.e est plus concerné.e par les enjeux collectifs.
« Il faut aussi se décomplexer avec la notion d’échec. L’échec est inhérent à l’action »
Est-ce une manière de diluer les responsabilités ou au contraire d’impliquer plus l’ensemble
Une tendance de fond, très certainement, forte, je l’espère ! C’est toujours triste qu’une entreprise puisse disparaître, donc le principe de la reprise par les salariés quand un dirigeant s’en va est une belle formule pour assurer la continuité et l’évolution d’une entreprise.
Il se trouve que ce n’est pas notre cas de figure puisque je suis toujours là !
Vous dites que votre envie, c’est de rendre les gens heureux. Comment l’entreprise peut devenir le lieu de l’épanouissement personnel ?
Permettre aux gens de se réaliser dans leur travail est une aspiration profonde pour moi, c’est ce qui donne un sens au projet entrepreneurial.
Je pense qu’on peut ré-inventer philosophiquement le travail, et c’est ce que sont en train de faire avec plus ou moins de cohérence les jeunes générations dites X, Y ou Z. Ces jeunes prétendument si difficiles à “manager”. C’est long et difficile, parce que depuis des millénaires, le travail qui occupe l’essentiel de la vie des humains, porte une charge symbolique terrible. L’étymologie du mot vient du latin tripalium qui chez les Romains était un instrument de torture à trois pieux ! La révolution copernicienne que nous vivons est en train de faire la démonstration que le bonheur peut aussi venir de la réalisation de soi dans sa vie professionnelle.
C’est un changement de paradigme complet mais c’est de cette façon que l’on peut commencer à considérer les salarié.e.s d’une entreprise comme des adultes émancipés, et non des asservis irresponsables. Chacun.e est libre de faire ses choix et de prendre ses décisions dans sa vie. On suppose a priori qu’à partir de 18 ans, vous êtes assez mature pour effectuer vos choix en conscience sans demander d’autorisation. Pourquoi est-ce qu’à l’instant où vous franchissez
des personnes qui travaille ?
Le partage de la prise de décision est un élément
Qu’est-ce qu’une SCOP ?
« Une SCOP est une société coopérative et participative. Chaque SCOP a ses propres particularités. La nôtre est issue d’une transformation : la totalité des salarié.e.s se sont associé.e.s et détiennent officiellement des parts dans l’entreprise. Indépendamment du capital détenu, chaque associé.e détient un droit de vote ! »
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On voit souvent des entreprises reprises par les employés lorsqu’il y a démission du patron.
Pensez-vous que c’est une tendance forte ?
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