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LA BOÎTE QUI MONTE
ROCAMBOLE OU LE ROMAN-FEUILLETON 2.0
Quatre jeunes dans le vent lancent une application destinée à remettre au goût du jour le roman-feuilleton, genre littéraire emblématique qui a fait, entre autres, la renommée de Balzac, Zola et Victor Hugo.
PAR NICOLAS FRANÇOIS
Camille, Boris, Quentin et François sont des jeunes gens heureux : leur campagne de financement participatif sur la plateforme KissKissBankBank est un succès : 8 975 € ont été récoltés sur les 7 500 € nécessaires
pour lancer Rocambole, une appli permettant de lire des séries littéraires comme l’on regarde des séries sur Netflix, où les auteurs seraient rémunérés de la façon la plus juste possible. « On est parti du constat qu’aujourd’hui seulement 17 % des écrivains vivent de leurs écrits, explique Boris Duda, responsable marketing de Rocambole. Bien souvent, ils rencontrent des difficultés pour se faire connaître et promouvoir leurs histoires. Notre volonté est que tous les auteurs, amateurs comme professionnels, soient maîtres de leurs écrits, de leurs droits et de leur diffusion. »
Et pour fidéliser une communauté de lecteurs, les quatre amis ont souhaité remettre sur le devant de la scène le roman-feuilleton, un genre oublié qui a pourtant fait les beaux jours d’Emile Zola et de Victor Hugo au XIXème siècle. « On s’est dit que ce serait sympa, en tant que lecteur, de recevoir chaque jour une histoire courte qui se lit en cinq minutes sur son téléphone où que l’on soit, précise Camille
François Delporte, responsable financier, Camille Pichon, responsable éditoriale, Quentin Rouault, responsable technique, et Boris Duda, responsable marketing, s’apprêtent à lancer Rocambole. Photo DR
Pichon, responsable éditoriale. Dans le temps, tout le monde attendait la sortie d’un nouvel épisode dans les journaux. Nous voulons susciter la même chose sur l’objet le plus utilisé de nos jours : le smartphone. »
Les auteurs rémunérés selon leur popularité
Romance, fantastique, aventure, thriller, érotique... chaque auteur a la possibilité d’écrire le genre d’histoire qui lui sied avant d’être soumis à une validation en interne. « Avant chaque publication, les textes seront lus car on veut garantir une certaine qualité, explique Camille. Parmi les critères majeurs : pas d’appel à la haine et une syntaxe correcte. » Une fois les histoires publiées, les lecteurs seront seuls juges et à même d’offrir une rémunération aux auteurs. « Pour les lecteurs, l’abonnement sera compris entre 3 et 5 € par mois, souligne Boris. Et les écrits les plus lus seront les plus rétribués. C’est ce qui nous paraît le plus équitable. » Bien qu’originaires des quatre coins de la France, Camille, Boris, François et Quentin ont
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choisi Avignon pour lancer leur application. « Nous venons de suivre une session de cinq semaines au sein de l’accélérateur de start-up The Bridge qui nous a aidés à nous structurer, souligne Boris. Maintenant nous allons sélectionner dix auteurs ambassadeurs qui seront présents sur l’appli lors de son lancement en janvier 2019. »
Et de conclure, confiant : « Sur une étude que nous avons menée auprès de 500 personnes, 70 % sont prêtes à payer pour lire une histoire de qualité sur un smartphone, ce qui nous confirme que nous sommes sur la bonne voie ! » Et peut-être, serons-nous témoins de l’émergence des Victor Hugo et Emile Zola du XXIème siècle...
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