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Depuis d'innombrables années, la ville et les rues sont le lieu de l'expression du peuple. L'espace public est un
lieu de vie, de rencontre, de débat et même de révolte. Dès la Grèce antique le peuple vit, débat, décide dans
la rue. Alors que les villes regorgent de places publiques concentrant la vie du peuple, les murs vont quant à
eux devenir petit à petit des pages sur lesquels les citoyens s'expriment que ce soit politiquement, socialement
ou encore artistiquement pour arriver de nos jours à un large panel d'artistes, de pratiques, regroupés sous une
appellation : le street art. Bien sûr, on peut partir du principe que les hommes n'ont pas attendus la démocratie,
ni même les cités pour s'exprimer sur les murs. Je pense notamment aux nombreuses inscriptions et peintures
murales de natures très diverses retrouvées lors de fouilles à Pompéi appelées d'ailleurs dès leur découverte
graffitis. En effet, le graffiti n’est qu’une inscription lettrée réalisée sur un mur, un monument, un objet dans
l’espace public. Le street art ne date donc pas d'hier, mais c'est à sa forme contemporaine que nous allons nous
intéresser ici et à son évolution.
Ainsi, de nombreux artistes vont investir les rues, s’émanciper des institutions pour pouvoir s’exprimer
autrement et exposer leur art aux passants. Les adeptes vont devenir de plus en plus nombreux, de véritables
artistes vont se distinguer, le street art va devenir omniprésent.
En effet, preuve de la grande démocratisation du graffiti et du street art, il n'est pas rare aujourd'hui de voir
des villes, des offices du tourisme ou même des organisateurs privés organiser des tours permettant de
découvrir le paysage urbain local. La multiplicité de ces visites démontre bien dans un premier temps l'intérêt
du spectateur pour le street art, mais également la tolérance des autorités qui s'est installée envers les artistes.
Au street art est lié un élément clé : la ville. Le mouvement se développe au cœur de celles-ci, dans leurs rues,
sur leurs bâtiments et leurs transports en commun, dans de discrètes ruelles ou sur de grandes façades
d'immeubles mais avec cette démocratisation dont nous parlions dans la partie précédente, une question se
pose : le street art a-t-il sa place dans les musées ? En effet, la rue joue un rôle central dans la culture du street
art mais également dans la vie urbaine en général. C'est un lieu de vie, de rencontre mais également de débat
qui est chargé de symbolique. Si la ville est le support de l'activité humaine, ses rues sont l'espace de
l'expression de cette activité. En effet chaque habitant se sert plus ou moins des rues. Que ce soit simplement
une question de déplacement en tant que piéton, cycliste ou automobiliste, que ce soit en tant que touriste
flânant à la recherche de découverte
Au milieu de ces usages, les artistes vont tenter de donner une nouvelle dimension à cet espace public, d'offrir
aux passants un nouveau regard, une nouvelle perception de ce qui les entoure. Ils vont ainsi avec leurs œuvres
offrir un peu de poésie ou de beauté à des espaces souvent ternes, pensés pour le pratique, l'utile mais non
pour le plaisir.
Art visuel éphémère, non sollicité, assimilé à ses débuts à du vandalisme, le street art se déploie sur les murs,
les façades des bâtiments ou les panneaux de signalisation de l’espace urbain. Revendicatif, collant aux
évolutions de la société contemporaine, ludique ou esthétique, il a vocation à provoquer, interpeler et embellir
la vie quotidienne des usagers de la ville.
Les street artists utilisent différentes techniques :
–le graffiti : bombes aérosol projetant de la peinture de différentes couleurs souvent indélébile ;
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