Page 70 - ENDIRE AOUT 2017 N°3.3
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ENDIRE



        JOUR 4 : UNE BELLE GAMELLE


        « Réveil matinal, grisaille, vêtements encore humides ». Ce n’est qu’un début. « Alors que le crachin m’accompagne, dans
        une descente, à 3 kilomètres de Loja, un chien surgit  du bord de la route et se jette sous ma roue avant. Je me retrouve
        au sol sur une chaussée constituée de plaques de béton. Je suis sonné mais heureusement je m’en tire avec une plaie au
        coude, une bonne pizza et un hématome sur le haut de la cuisse. Le chien lui s’en est sorti aussi. Des témoins de la scène

        appellent les secours et je termine cette journée dans une ambulance qui me transporte à Loja. Côté matériel, outre mon
        cuissard et mon coupe-vent explosés, ma gaba trouée est encore opérationnelle et, question vélo, roue avant et disque
        voilés. Je rejoins Vilcabamba. Bien qu’il soit tôt et que je n’ai parcouru que 120 kilomètres, je décide d’en rester là pour
        aujourd’hui. Le peloton des premiers possède déjà une confortable avance sur moi. »






































           JOUR 5 : DES PAYSAGES SOMPTUEUX


           « Si la journée d’hier a été un peu catastrophique et la nuit pas vraiment mieux, animée par le  bruyant dialogue
           de deux coqs, le moral est remonté à bloc. A 5 h 20, je suis sur mon vélo. Après une heure de route, un petit
           crachin apparaît et ne tarde pas à s’intensifier  à mesure que je prends de l’altitude. La  météo semble en
           osmose avec le paysage. La rocaille a laissé place à une végétation abondante, presque tropicale, qui a même
           tendance à empiéter sur la route, comme si elle voulait l’avaler. Elle semble tellement dense qu’il paraît

           impossible de s’y infiltrer. Seuls me parviennent  des bruits d’animaux, d’oiseaux qui s’extraient de ce fatras de
           verdure.

           A 2770 mètres au sommet d’un col, la pluie est venue se joindre au vent, au brouillard et au froid. Gelé, les doigts
           engourdis, j’ai toutes les peines du monde à extraire mes vêtements des sacoches,  les enfiler et surtout à faire

           jouer les fermetures éclair. Plus tard, dans la descente, je vais devoir affronter des dénivelés importants qui
           m’obligeront souvent à mettre le pied à terre. Les lieux sont toujours somptueux. En fin d’après-midi, c’est
           l’arrivée à Zumba, ultime village avant la frontière péruvienne. »


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