Page 13 - le 1er numero du bulletin du Conseil de l'Entente
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entretien

             avec


       Abdoulaye MOHAMADOU,
       Secrétaire Exécutif Adjoint :
       «Nous avons repris                          LA MISSIOn Du COnSEIL DE L’EnTEnTE n’A PAS CHAnGé, MêME SI LES EnjEux

       notre place dans le                         OnT CHAnGé : C’EST DE PrOMOuvOIr LA PAIx ET LA SéCurITé EnTrE LES PAyS
                                                   MEMbrES, MAIS éGALEMEnT PrOMOuvOIr LE DévELOPPEMEnT DE CES PAyS-Là,
       paysage institutionnel                      DAnS unE PErSPECTIvE D’InTéGrATIOn, POur LA LIbrE CIrCuLATIOn DES PEr-

       sous-régional»                              SOnnES ET DES bIEnS.

          Excellence, voulez-vous vous présenter et  de la bande sahélo-saharienne et des pays  l’Entente. Dans la CEDEAO, il y a des pays
          nous dire ce qu’est la gouvernance au sein  du  Golfe  de  Guinée.  C’est  donc  un  bon  lusophones, des pays anglophones, alors
          du Conseil de l’Entente ?        cadre pour tenir compte de la nature des  que  le Conseil de l’Entente est constitué
       - Je suis Abdoulaye Mohamadou, Secré-  menaces et leur apporter des réponses.   uniquement de pays francophones. Donc
       taire Exécutif Adjoint du Conseil de l’En-  La gouvernance du Conseil de l’Entente a  cela peut déjà causer quelques difficultés
       tente.  Le  Conseil  de  l’Entente  est  une  été pensée pour être la plus inclusive pos-  de complémentarité. Mais ce n’est pas dif-
       organisation intergouvernementale de cinq  sible. Nous avons au sommet la Conférence  ficile à surmonter, étant entendu que le
       pays : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte  des Chefs d’Etat, ensuite un Conseil des mi-  Conseil  de  l’Entente  peut  contribuer  au
       d’Ivoire, le Niger et le Togo. C’est la plus  nistres,  un  Comité  d’experts  (ce  qui  est  renforcement de l’intégration dans l’espace
       vieille organisation d’intégration sous-ré-  assez original par rapport aux autres orga-  francophone. Nous voulons être un modèle
       gionale.                            nisations : deux ministères en particulier  pour l’espace CEDEAO.
       Elle a été créée en 1959, à la veille des in-  sont concernés dans chaque pays : le mi-
       dépendances,  dans  le  contexte  géopoli-  nistère des Affaires étrangères et le minis-  que comporte le renforcement des capaci-
       tique de l’époque. La veille des indépen-  tère de l’Economie et des finances) enfin,  tés opérationnelles du Secrétariat exécu-
       dances, c’était une période d’incertitude,  le Secrétariat exécutif qui est le bras opé-  tif ?
       et les chefs d’Etat de ces pays-là ont décidé  rationnel du Conseil de l’Entente. C’est lui  - Il faut reconnaître que le Secrétariat exé-
       de mettre en place une organisation pour  qui met en œuvre les recommandations et  cutif du Conseil de l’Entente est une équipe
       coordonner leurs efforts et organiser la so-  les programmes.            de  haut  niveau.  C’est  un  staff  constitué
       lidarité entre eux pour maintenir la paix et  Après le Conseil de l’Entente, première or-  d’anciens ministres, des personnes qui ont
       promouvoir  le  développement.  Donc,  la  ganisation  sous-régionale,  ont  été  créés  une grande expérience et une expertise
       mission  du  Conseil  de  l’Entente  n’a  pas  successivement  la  Communauté  Econo-  avérée. De ce point de vue, il n’y a pas de
       changé, même si les enjeux ont changé :  mique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CE-  souci. Mais le renforcement de capacités,
       promouvoir la paix, la sécurité et le déve-  DEAO) , l’Union Economique et Monétaire  c’est quelque chose de permanent. Vous
       loppement dans une perspective d’intégra-  Ouest Africaine (UEMOA ), l’Autorité Inté-  pouvez avoir tous les diplômes et toutes les
       tion entre pays membres, pour la libre cir-  grée du Liptako Gourma et le G5 Sahel.   expertises du monde mais aurez toujours
       culation des personnes et des biens.   Face aux défis sécuritaires et économiques,  besoin de recyclage pour vous adapter aux
       Le Conseil de l’Entente nouveau a démarré  il y a une volonté de créer une synergie  nouveaux  contextes, aux défis, et appren-
       ses  activités  en  2012,  avec  la  signature  entre toutes ces organisations avec notam-  dre  à  maîtriser  certains  outils  nouveaux
       d’une nouvelle charte, un texte additionnel  ment la création d’une faîtière des organi-  que nous ne connaissions pas. Donc, pour
       des textes fondateurs. Il a fallu les revisiter  sations intergouvernementales sous le lea-  nous, le renforcement des capacités, c’est
       pour  tenir  compte  à  la  fois  du  nouveau  dership de la CEDEAO qui regroupe le plus  davantage outiller le personnel, c’est ac-
       contexte institutionnel et juridique interna-  grand nombre de pays. Le Conseil de l’En-  quérir des compétences nouvelles pour les
       tional, mais également des défis en ma-  tente vient d’adhérer à cette faîtière. notre  objectifs que nous poursuivons. C’est aussi
       tières de développement et de sécurité qui  démarche s’inscrit à la fois dans les prin-  travailler mieux en équipe. On ne peut pas
       se posent aux Etats membres.  Cette charte  cipes de subsidiarité et de complémenta-  se passer aujourd’hui de renforcer les ca-
       a été adoptée en 2012. Elle traduit la vo-  rité avec les autres. Nous avons signé un  pacités du personnel.
       lonté des chefs d’Etat de poursuivre l’œu-  accord avec la CEDEAO. Nous sommes en  Comment les peuples perçoivent-ils les ef-
       vre des pères fondateurs. Ils ont gardé la  discussion pour nous entendre sur les com-  forts du Conseil de l’Entente ?
       vision du développement dans la paix. Au-  plémentarités selon les avantages compa-  - Le Conseil de l’Entente est l’une des orga-
       jourd’hui, les Etats sont confrontés à de  ratifs  de  chaque  organisation.  En  2017,  nisations les mieux connues de la sous-ré-
       nouveaux défis. Les conflits ne sont plus  nous avons co-financé avec la CEDEAO et  gion, parce qu’elle était la première. Elle a
       entre Etats, mais souvent transnationaux,  d’autres partenaires des ateliers et sémi-  marqué les esprits au niveau des cinq pays.
       donc des menaces transnationales qui af-  naires portant sur la prévention de l’extré-  Je  vais  vous  donner  un  exemple.  Dans
       fectent l’ensemble des Etats. Je peux pren-  misme violent.              toutes nos capitales, il y a quelque part un
       dre  l’exemple  du  terrorisme  qu’on  voit                              bâtiment qu’on appelle «Conseil de l’En-
                                              n’est-ce pas un exercice difficile ?
       descendre du nord vers le sud. Il a d’abord                              tente». Et cela reste quelque chose dans les
       concerné les pays de la bande sahélo-saha-  - Quand on parle de synergie, de coordina-  esprits. Il y a aussi les loteries nationales af-
       rienne et aujourd’hui, les pays du Golfe de  tion, de complémentarité, c’est toujours  filiées au Conseil de l’Entente. Et chaque
       Guinée.                             difficile. Chaque organisation a son histoire,  année dans nos pays, il y a ce qu’on appelle
         La particularité du Conseil de l’Entente,  ses  objectifs  premiers,  ses  partenaires  le tirage de la Tranche commune Entente
         c’est aussi de regrouper à la fois des pays  techniques  et  financiers,  etc.  Prenons  (TCE).
       12                                  l’exemple de la CEDEAO et du Conseil de
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