Page 20 - Livre Kreitman-Ledermann nov 2019
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“Maman est très coquette, mais respectueuse de la tradition et des règles, elle a, comme le font les frimmes, renoncé à sa splendide chevelure. Dès le lendemain de ses noces, elle a rasé son crâne -signifiant par là qu’elle acceptait “l’autorité de son mari“- tout en gardant quelques petites mèches autour de son visage. Et au moment
d’aller se coucher elle porte un kupke, un bonnet de coton froncé avec un peu de dentelle. J’ai mal au cœur quand je pense à cela, qu’elle ait dû s’enlaidir de cette façon. Je n’ai donc jamais vu ses cheveux, si ce n’est une longue et grosse tresse qu’elle avait gardé et qu’elle m’avait donné.
Pour la petite histoire, j’ai un jour prêté cette tresse à des hévré de l’HaChomer pour un Pourim, et malheureusement je ne l’ai jamais récupérée.
Sur cette photo Maman pose la tête couverte d’un sheitel, d’une perruque.
Elle en possédait des tas...
Ma sœur Esther a elle aussi porté un sheitel, après son mariage... Mais elle ne l’a fait que pendant 6 mois, et elle n’a pas coupé ses cheveux. Je me souviens qu’un jour deddy est entré chez elle, que ses cheveux étaient libres, et qu’elle ne portait pas de perruque. Il lui en a voulu et est resté fâché avec elle pendant quelques mois. Et Esther n’a plus jamais remis de perruque... Avroumtche son mari ne le voulait pas...
Maman est une hassida, elle est très religieuse ; elle fait très souvent référence à rabbi Meïr Ba’al HaNess, ce fameux docteur de la mschna connu à la fois pour sa piété et ses conférences qu’il avait l’habitude de découper en trois parties, un tiers de halakha, un tiers de récits et un tiers de métaphores.
Elle est aussi très active. Elle a même fondé une organisation d’aide aux malades appelée Linat Hakholim.
Ainsi aussi loin que je remonte, j’ai le souvenir de ma mère soutenant et subvenant aux besoins de nécessiteux dans la mesure de ses possibilités.
Elle m’a appris très tôt que l’entraide était essentielle et qu’il fallait faire quelque chose pour que plus de justice et d’égalité règnent entre les hommes.
Au fond, c’est peut-être la raison pour laquelle je suis rentrée à l’HaChomer Hatzaïr...
Je me souviens qu’à l’âge de 12-13 ans elle m’a envoyée porter à manger et rendre visite à une femme malade couchée dans un petit taudis, dans un grenier. Je devais aussi évaluer ses besoins afin que nous puissions lui venir en aide... Une autre de ses caractéristiques était le lien, à la fois émotionnel et rationnel, qui l’unissait à Israël. Son plus grand rêve était de vivre en Eretz Israël et d’être enterrée à Jérusalem.“
  






















































































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