Page 35 - Livre Kreitman-Ledermann nov 2019

rentrés à la maison. Leah et moi étions présents.
Il demanda à maman de téléphoner à la khevra kadisha, de mettre de l’eau sur le feu pour faire la tahara, la toilette mortuaire, puis murmura : “Je ne veux pas rester ici toute la nuit !“
J’ai tenu sa main pendant une heure.
Quand Jos est enfin arrivé, il était minuit.
“Ribono shel olam rift mir, - le Bon Dieu m’appelle“ a-t-il dit alors.
Puis il a ajouté :
“Schema Israël haShem Elokeynou haShem Ekhod“. Il a tourné la tête et s’est éteint.
Je revois encore, dans le corridor du 34 Steirstraat où nous vivions, Chaïm Finkelstein et Schakhne Richter, de la khevra kadisha, pleurer. Ils n’avaient jamais vu quelqu’un mourir ainsi“.
Duved est fier de montrer, quelques jours avant ses 89 ans, les téfilines phylactères) que son père lui avait offertes, au début des années -תפילין( “20“, peu avant sa bar-mitzvah. Jankel les lui avaient achetées lors d’un de ses voyages à Gour, où son maître hassid les lui avaient remises.
Il nous raconte que, dans les années 80, il s’étant rendu compte que le cuir de la courroie était rongé à se casser, il se rendit rehov Allenby, à Tel-Aviv pour faire réparer et remplacer cette courroie. Sur place, le rabbin officiant lui avait demandé l’autorisation d’ouvrir le boîtier afin de vérifier que le texte était encore “cacher“, qu’aucune lettre
n’avait été effacée par le temps. Après avoir effectué sa vérification, il était prêt à acheter ces téfilines pour plus de 1000 shekels, vus leur provenance, la qualité du travail, et le bon état de conservation du parchemin “sacré“...
Duved devant la tombe de Jankel.
“Jankel, Yaakov, fils de Moshé z”l Lederman de la ville de Biała. Son âme repose en paix depuis le deuxième jour du mois de Eloul de l’année 5694( תרצ”ד ou 1934)“.
Des souvenirs de mon grand-père...
“J’ai très peu connu mon grand-père.
J’avais 7 ans quand il est décédé. Je me souviens de ce moment. Nous habitions à Anvers, Beerstraat.
Ce jour-là, devant la maison, beaucoup de monde criait. Nous, les enfants, avions été amenés près de lui pour lui dire
adieu, et recevoir un petit quelque chose, n’importe quoi, un héritage symbolique...
Je le vois encore, dans un coin, allongé, tout jaune à cause de sa maladie.
J’ai quelques autres souvenirs, mais je n’arrive pas à déterminer si ces souvenirs m’appartiennent vraiment ou s’il s’agit d’histoires que l’on m’a racontées...
On disait que Jankel était très pieux, un hassid de la “secte“ du rabbin de Gour.
Il évoluait autour d’un rabbi, étant prêt à se battre contre ceux qui ne pensaient pas comme lui, car “son rabbi était le plus fort, le meilleur“...
Il parlait très bien le flamand, était toujours tiré à quatre épingles, et portait un “claque“, une de ces casquettes comme les ouvriers en portaient dans le temps.
Je le revois nous emmener de temps en temps acheter des poissons au marché aux poissonx d’Anvers. Il bavardait avec tout le monde.
Si je ne me trompe pas, c’est lui qui préparait le poisson à la maison, le vendredi. À ces moments-là, dans le couloir, tronait une grande bassine pleine de poissons...“
C’est tout ce dont je me souviens.
Dynastie hassidique de Gur
.Ville de Góra Kalwaria - )גור( Au centre, Avraham Mordechai Alter, aussi cconnu sous le nom de “Imrei Emet“, 4ème rabbin de la dynastie de 1905 à 1948, entouré de sa “cour“.