Page 38 - Le Japon avril 2019
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Le washi, un papier en fibres végétales
Le washi est un type de papier traditionnel japonais. Il se caractérise avant tout par sa texture et son aspect : il est composé de fibres de mûrier, ou d’autres essences de bois, plus ou moins épaisses. Il est souvent appelé "papier de riz" ou "papier de soie", à tort puisqu'il n'est pas fabriqué à partir du mûrier blanc, l'arbre grâce auquel on élève des vers à soie, mais de mûrier à papier, une espèce bien différente. On utilise du
papier washi au Japon depuis plus de mille trois cent ans. Sa technique de fabrication fut introduite dans l'archipel au septième siècle de notre ère par des moines bouddhistes venus de Chine. Le washi reste aujourd’hui l’apanage de la région de Gifu, où le mino washi (sa dénomination locale) est toujours fabriqué.
Il existe un grand nombre de différents washi (au moins quatre cent), certains blancs et très lisses, d’autres colorés et même ornementés. Ils servent avant tout à faire les invitation, à pratiquer l’origami, la calligraphie ou l’art de l’estampe. Le washi a également une place particulière dans la décoration intérieure japonaise sous forme de kakemono (tableaux représentant une phrase calligraphiée ou un dessin), de parois de shôji(panneaux ajourés composés de washi dont la structure est en bois), ou de lampes. Pour en trouver, rendez-vous dans n'importe quelle papeterie japonaise.
Le papier washi, un matériau d'art
Le washi fait partie intégrante de l’esthétique traditionnelle japonaise, sa qualité principale étant qu’il laisse passer la lumière tout en cachant ce qui se trouve derrière
lui : seules des ombres sont visibles à travers cette matière. Brut et raffiné, transparent et opaque, d’apparence fragile mais très résistant : le washi tient sa beauté de ses paradoxes décrits avec soin dans l'Éloge de l’ombre, traité d’esthétique de Junichirô Tanizaki dont les principes sont toujours d’actualité au Japon.
Le washi est donc un matériau d’art : un art simple, poétique et quotidien, qui se glisse dans les murs et le mobilier des maisons. Il a même inspiré des designers contemporains, comme Isamu Noguchi, qui s’en servit pour créer des lampes aux formes étranges inspirées des lampions japonais, les chôchin. Il existe au moins deux musées du washi au Japon le premier à Tokyo et l’autre, plus confidentiel, à Tsuwano dans la préfecture de Yamaguchi.
Papiers bien classés
Le papier traditionnel japonais est reconnu depuis le 27 novembre 2014 comme faisant partie du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Les autorités espèrent que cette décision permettra de garder vivants certains pans de la culture japonaise qui sont aujourd’hui délaissés par les jeunes générations.