Page 66 - Fleurs de pavé

Claude Cotard – Fleurs de Pavé.

Beaucoup trouvent au final la paix à la fosse commune.

Heureusement le RMI n'est pas pour les chiens. Il
me suffit de me faire connaître en tant que SDF pour me
voir attribuer une rente mensuelle de 2500 francs (en
1999), mais avant ça, il me faut faire un véritable
parcours du combattant. Parcours au cours duquel
beaucoup finissent par renoncer.
Beaucoup de gens trouvent scandaleux qu'un SDF touche
le RMI parce qu'avec les services sociaux tu manges
gratis, ils te filent des fringues régulièrement, les
Boutiques de Solidarité te permettent de te laver, linge
compris, pour pas un rond, café offert en sus.
Jusqu'au tabac que tu ramasse par terre pour te rouler
des cigarettes par la suite, grâce à un paquet de papier à
rouler qui ne coûte presque rien.
Alors ils se disent que tes 2500 euros, tu te les garde
comme argent de poche, si tu es économe et si tu ne bois
pas tout. Demande donc au prolétaire s'il dispose d'une
telle somme pour ses petits plaisirs !
Mais tout ça c'est de la théorie !
En fait, il existe bien sûr des SDF professionnels qui
disposent d'une somme rondelette accumulée, s'ils
bossent régulièrement en pratiquant quelques-uns des
métiers de la rue comme la manche (avec un peu de
bagout ça peut rapporter de belles sommes), mais c'est
une très grande minorité. Avant ça, il y a ce fameux
parcours du combattant.
Déjà oser entrer et demander de l'aide dans une structure
sociale.
Vous avez déjà remarqué comme c'est triste dans ces lieux
d'accueil.
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