Page 37 - Demo - EN PROFONDEUR-V2
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Simulation d’eau dans l’écluse... Évidemment, le plongeur ne pouvait pas résister!
La bête
Tranquillement, au l des séances de plongée et de travail à l’écran, Christian découvre un autre aspect du projet. Le plus important, en fait. Celui dont il avait peut-être eu l’intuition lors de la recherche de l’automobile ctive et qui avait fait naître cette idée folle.
À plusieurs reprises, l’anxiété cherche à ressur- gir. Les conditions de plongée dif ciles, la charge de travail, les accidents imprévus et la solitude menacent de réveiller la bête.
Le plongeur fait alors face à un dilemme. Il veut persévérer, mais il ne faut pas que ce soit au prix d’en venir à haïr ou à craindre la plongée. S’ensuit alors une danse délicate mais cruciale entre lui et le monstre. Chaque situation anxiogène lui offre la possibilité de l’amadouer, s’il réussit à s’en tenir à la bonne distance.
Chaque exposition est une occasion pour lui de se désensibiliser à l’anxiété. Or, il faut chaque fois savoir où s’arrêter. Pousser un peu plus ses limites, mais ne jamais aller trop loin. Et une fois ou deux, ce sera juste!
La plongée devient donc un réel outil thérapeu- tique, le ring où un combat à armes égales peut prendre place. Le projet prend forme, le travail avance. Et Christian découvre au fur et à mesure que la récompense sera précieuse et à la hauteur du réel labeur qu’il effectue : celui qui se fait en dedans.
Et maintenant
La plus grosse partie du travail a duré un an, jusqu’en décembre 2013 : plus de 50 plongées pour amasser les données. Et des heures innombrables devant l’écran.
Le projet continue les années suivantes, à un rythme moins soutenu. Christian se met aussi à la plongée souterraine, où il s’aperçoit que le
travail effectué à l’écluse a développé en lui une conscience environnementale, une perception spatiale essentielle à cette activité.
Il travaille toujours au modèle. S’il ne reste que peu de mesures à prendre sur le terrain, il veut peau ner le rendu. Plus sa maîtrise des logiciels augmente, plus il se rend compte des possibilités étourdissantes!
La question est inévitable : à quoi servira la modé- lisation de l’écluse? Il était clair dès le début pour Christian que la destination était moins impor- tante que le voyage. Et ce voyage lui a apporté, en matière d’introspection, d’apprivoisement de la bête et de maîtrise de soi, une récompense large- ment suf sante.
Tout de même, il pense entre autres à la possibilité qu’auraient les jeunes des écoles de la région de bâtir une grande maquette que son modèle per- mettrait de réaliser à une échelle exacte. Et aussi de le rendre accessible aux touristes et plongeurs, sur leurs téléphones et tablettes. Par un simple clic debout sur le quai municipal, l’ancienne écluse no 23 surgirait alors des eaux du euve devant eux, dans toute sa beauté et sa gloire d’antan!
Tout est à décider encore. Mais une chose est certaine : Christian Rémillard désire redonner à l’endroit et aux gens qui l’habitent un peu de ce trésor qu’ils lui ont permis de découvrir en lui.
Comme quoi, au bout du compte, la plongée est toujours une affaire de cœur...
À surveiller : un documentaire de Richard Lahaie sur Christian et le projet du Lock 23 sera à l’af che sur NEPTEAU.TV.
Pour voir un album photos de la modéli- sation du Lock 23 de Christian Rémillard, visitez le : http://tiny.cc/lock23
En Profondeur – Vol. 16, no 3 37