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URGENCES
LA FRACTURE DU COCCYX
DÉSAGRÉABLE, MAIS BÉNIGNE...
La fracture du coccyx correspond à une lésion de l’os situé au plus bas de la colonne vertébrale, sous le sacrum. Handicapante, elle reste le plus souvent bénigne.
C’est un classique du rire : la chute sur les fesses. Un accident qui
ne fait pas du tout rire la vic- time... La fracture du coccyx, très douloureuse, est souvent au rendez-vous. Car le coc- cyx, reliquat de la queue de nos ancêtres, est l’os terminal de la colonne vertébrale. Ce sont de petites vertèbres atro- phiées, au nombre de 4 à 6, plus ou moins difformes, et soudées les unes aux autres. Il en résulte un petit os de forme triangulaire, a priori sans intérêt, mais qui joue pourtant un rôle important, car s’y arriment des ligaments ou muscles très importants dans la mécanique du périnée : muscles ischio-coccygiens, grand fessier, sacrococcygien, muscle releveur de l’anus... La plupart des mou- vements du périnée, ou tout sim- plement la défécation, nécessitent une mise en tension du coccyx, véritable centre d’amarrage, via ces ligaments et muscles. Une fracture du coccyx se traduit par une douleur, spontanée du fait de la fracture, et une aggravation lors des mouvements du périnée.
CHUTE SUR LES FESSES
Contrairement à une idée reçue, on ne prend pas appui sur les fesses lorsqu’on s’assoie, mais sur les ischions, ces deux os so- lides issus du bassin. Mais, lors d’une chute, à plat sur les fesses, les ischions ne vont pas éviter la
compression du coccyx, facile- ment palpable au niveau supé- rieur du sillon fessier. Vous l’au- rez compris, retirer une chaise lorsque quelqu’un va s’y asseoir est le passeport rêvé pour la frac- ture du coccyx !
DOULEURS AIGUËS
La fracture du coccyx se manifeste par une douleur aiguë, au niveau du sillon fessier, gênant la marche et la position assise. Les dou- leurs, qu’on peut calmer avec des simples antalgiques (paracétamol) vont progressivement diminuer. Quant à l’inconfort en position as- sise, il peut nécessiter l’utilisation temporaire de coussins d’assise avec exclusion de la zone de pres- sion coccygienne.
LA RADIOGRAPHIE, SANS RÉEL INTÉRÊT
Le diagnostic de fracture est es- sentiellement clinique : les cir- constances de l’accident (chute en position assise) ou la douleur spontanée ou réveillée par la
palpation suffisent au dia- gnostic. La radiographie n’est donc pas nécessaire pour le diagnostic lui-même, et peu souhaitable, de par le risque lié à l’irradiation osseuse (rayons X) à proximité des organes de fertilité. Elle peut toutefois avoir un intérêt lors des chutes particulièrement violentes (chute d’un lieu éle-
vé) où une suspicion de fracture déplacée existe (gros hématome) ou lorsque la chute s’inscrit dans le cadre d’un accident du travail (intérêt médico-légal).
RECOURS À L’OSTÉOPATHIE
Si la plupart des fractures du coccyx se résolvent spontanément au prix de 2 ou 3 semaines de douleurs, certaines en revanche s’avèrent pro- blématiques. C’est souvent le cas lors des fractures très déplacées qui risquent de distendre les ligaments et les muscles qui s’y insèrent. D’où l’intérêt, lorsqu’un déplacement important est avéré par la radiogra- phie, d’une réduction du foyer de fracture afin de remettre le coccyx en place. Cette technique consiste à le manipuler sous anesthésie gé- nérale, à l’aide d’un toucher rectal. Enfin, en cas de douleurs à distance de l’accident, il peut être indiqué de consulter un ostéopathe pour une manipulation coccygienne, souvent très efficace.
Dr Daniel Gloaguen
Rebelle-Santé N° 196 91