Page 93 - Rebelle-Santé n° 196
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CULTURE
De l’usage à la forme, chaque espèce suscite aussi l’émerveillement et excite une curiosité cultivée à la Renaissance par la découverte des nouveaux mondes, suivant le goût pour les cabinets de curiosité et les plantes exotiques, si bien que le premier jardin bota- nique est installé à Padoue en 1545.
Dans ce registre, les premières salles de l’exposition s’amusent de la magie physique de la botanique, dans un dialogue entre l’art et la nature où se répondent les collections d’humus, d’algues ou de lichens, les xylothèques (essences de bois) et la vingtaine d’her- biers prêtés par le Muséum d’histoire naturelle (2). On y retrouve les célèbres herbes de Dürer ou encore des trésors sublimes de réalisation et d’inventivité :
techniques en papiers découpés, en cire, en verre, en porcelaine, en pierres précieuses ou en perles qui associent à la représentation une part d’imitation et d’émotion. À travers un moussier de Jean-Jacques Rousseau ou des planches de Paul Klee, la nature se dévoile en même temps que les regards et toutes les techniques pour la capturer. « Le jardin, c’est la plus petite parcelle du monde et puis c’est la totalité du monde » explique Michel Foucault, car il y a, dans cette entreprise d’imiter la nature, comme une tenta- tive folle de connaissance totale, où le jardin se trans- forme au-delà de la beauté des catalogues naturels en miroir de l’orgueil de l’humanité.
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