Page 92 - Rebelle-Santé n° 196
P. 92
CULTURE
MÉDITATION PRINTANIÈRE, de la botanique dans l’art
Jusqu’au 24 juillet, au Grand Palais à Paris, l’exposition Jardins, conçue comme un cabinet de curiosités botaniques et horticoles, offre plus qu’une réflexion sur la représentation des jardins dans l’art en montrant les liens qui font des jardiniers des artistes depuis les origines.
Alors que l’engouement pour les jardins se traduit notamment depuis 2003 par le succès de l’événement Rendez-vous au jardin, qui se déroule cette année le week-end des 2, 3 et 4 juin, dans toute la France (1), proposer en pleine saison une exposition enfermée dans un musée peut paraître aussi paradoxal que traiter du vivant uniquement par le biais des natures mortes ou des plantes séchées. Le Grand Palais réussit pourtant son pari en proposant un parcours thématique surprenant qui séduira tous les amoureux des plantes et de l’horticulture, révélant, comme au fil d’une promenade, des bosquets de poésie naturaliste qui semblent jouer au petit bonheur, en échos de confrontations fortuites.
Malgré les apparences, la cohérence des thématiques ressurgit quand le matériel scientifique répond aux plans des architectes paysagistes ou aux œuvres d’art très diverses (sculptures, photographies, vidéos, bijoux, dessins, peintures ...), qui le prolongent. L’ensemble trace peu à peu son chemin, en laissant toujours place à la méditation, hors de tout dogmatisme, révélant au gré des salles des points de vue offerts en bouquets de pratiques ou de sensations.
De surprise en surprise, les passerelles botaniques et artistiques suivent l’idée développée par Marc Jeanson, responsable de l’herbier du Muséum national d’histoire naturelle à Paris et commissaire associé de
l’exposition, sur ce qui définit le jardin, miroir de la nature s’il en est, mais surtout reflet artificiel et jamais naturel, agencé par l’habileté, la conception et le goût du jardinier artiste.
Qu’il soit sauvage ou cultivé, le jardin changeant au gré des saisons échappe en réalité à toute définition, mais reste circonscrit dans un espace clos, un territoire aménagé et contrôlé, qui révèle le foisonnement de styles et de manières d’appréhender cette nature vivante qui le compose. Entre le jardin entretenu et l’espace rendu à la friche, de cette fresque de Pompéi qui accueille le visiteur à l’entrée au « jardin planétaire » mis en place par Gilles Clément, pour qui « pour faire un jardin, il faut un morceau de terre et d’éternité », les jardins multiplient les potentiels de création comme des défis lancés à l’intelligence et l’imagination humaines.
De l’utile à l’agréable
En suivant l’idée d’Aristote selon laquelle l’art imite la nature, l’art montre ce que la science démontre. Dès l’Antiquité, la botanique s’est intégrée à la médecine : les premiers herbiers ont servi à cataloguer les plantes selon leur toxicité et leur capacité à soigner ou à empoisonner. Les jardins médicinaux du Moyen Age s’inscrivent dans cette tradition.
92 Rebelle-Santé N° 196
Affiche de l’exposition © Rmn-Grand Palais, Paris 2017