Page 20 - VECTEUR MAGAZINE - Octobre 2020
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choses un peu inconfortables ou tordues, mais dont parler peut Ha ! C’est notre côté maso. Ou sado. Ou les deux. Bref. Mais au-
faire du bien, d’autant que le narrateur du texte est souvent un delà de ça, ce qu’on veut c’est remettre un peu de substance, à
pervers de première catégorie – ce qui permet d’exagérer le la fois de richesse sonore et de sens, dans le rock qu’on fait. Bien
propos, niveau texte et son. sûr qu’on veut que chaque chanson, chaque album, chaque
concert rende les gens dingues, et on passe beaucoup de temps
Parlons un peu de votre album « The Ropes » qui sera disponible à bosser la dynamique des morceaux pour ça – parce que pied
le 15 septembre prochain. Comment s’est passé la composition, au plancher tout le temps, ça saoule : varier entre l’ombre et la
qui a écrit, qui a composé ? lumière, c’est mieux.
L’idée musicale de base au cœur de chaque chanson vient soit Mais on veut aussi toucher les gens de manière un peu plus
de Julien (guitares), soit de David (basse), soit de moi, mais le profonde, en parlant à leur colère ou leur frustration telles qu’on
développement jusqu’à la forme finale de la chanson est un vrai peut les ressentir ou les observer – ou les partager nous-
processus de groupe, où Johann (batterie) joue aussi un rôle mêmes. « The Ropes », par exemple, la chanson comme l’album,
essentiel. Si l’idée vient de Julien ou David, Johann et moi parle de tous ces liens qui nous unissent, consciemment ou non,
travaillons la structure ensemble jusqu’à ce qu’on ait une volontairement ou non, pour le meilleur et souvent pour le pire :
maquette qui serve de référence. on ne prétend rien résoudre, on dit juste qu’on les ressent aussi,
et on en parle d’une manière qui peut peut-être aider les fans à
Après quoi, on la joue en formation guitare / basse / batterie mieux les supporter – et à choisir : lesquels accepter, lesquels
dans la salle de répétition, et quand l’instrumental est briser. On est en colère avec eux, pas contre...
suffisamment formé, je l’habille avec le texte, les voix et les
machines – et on remet le tout en salle de répétition pour Je viens chercher un peu de potins, avez-vous déjà
peaufiner. Si l’idée vient de moi, en général la structure et le texte d’autre projets en cours, y a-t-il quelque chose sur le
sont là dès le début – on travaille directement sur la dynamique, feu ?
le son et les arrangements. Pour l’enregistrement et le mix, on
est atrocement perfectionnistes (pénibles, donc), et on avait une Vu la situation côté concerts, on va rester prudents – mais si tout
idée assez claire sur l’identité sonore qu’on voulait donner à va bien, on célèbrera la sortie de l’album au CCO de Lyon le 7
l’album – un son massif, puissant, mais aussi riche et fouillé, loin novembre avec nos potes de Perseide et les Stereotypical
des clichés un peu simplistes qui dominent pas mal la production Working Class. Et on est tellement frustrés de scène que, de la
rock et pop du moment. colère, on a déjà commencé à composer le deuxième album…
Mais on veut partir défendre les chansons sur scène le plus vite
On a donc aussi passé beaucoup de temps avec notre possible.
coproducteur, Yvan, à enregistrer le matériau le plus
harmoniquement riche possible (vive l’analogique…) – puis avec Et pour finir, un petit mot pour nos lecteurs ?
Brian Robbins, qui a fait Bring Me the Horizon, à mixer le tout
avec la puissance et le tranchant qu’on voulait. Du coup, au total, On a hâte de jouer pour eux en concert. D’ici là, on les encourage
il y a deux ans de travail dans l’album : pour le prochain, on se à faire un truc dingue : écouter l’album en entier, d’une traite. Il a
reparle en 2048… été conçu comme un trip – on adorerait leur faire redécouvrir le
plaisir d’écouter un album comme on découvre un pays. Ou un
Pour cet album, vous dites vouloir « faire du bien à votre public nouveau partenaire au lit…
avec vos maux ». Est-ce important d’être aussi proche de
votre public et de leur partager vos maux ? [Interview réalisée par
Jeff Dufraiche]
PHOTO : [DR]
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