Page 38 - VECTEUR MAGAZINE - Octobre 2020
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PHOTO : [Rebecka Tollens]
Pour en revenir à l’album, il propose un post-Metal aux
contours Indus et Doom. DDENT est tellement original et
personnel qu’il est assez difficile d’y déceler des
influences claires. Où puisez-vous votre inspiration
dans la sphère musicale Metal ?
Je t’avoue que l’inspiration vient de partout… de beaucoup de
genres. Je ne me limite pas du tout au metal, bien que ce soit l’un
des genres que j’affectionne le plus. Mais j’écoute beaucoup de
choses qui enrichissent toutes ma composition : du classique à
l’électro, beaucoup les BO de films aussi, c’est une des plus
grosses inspirations. J’aime aussi tellement de projets obscurs
contemporains qui se trouvent aussi à la croisée des genres
mais qui peuvent être encore une fois assimilés de loin au Metal.
Il devient difficile de les étiqueter, ce qui ne ferait qu’en réduire
leur richesse.
Dans le Metal, c’est très difficile à dire… c’est tellement large. Tout
projet peut me plaire en dépit de son sous-genre. Tout dépend de
ce qu’il apporte, de comment c’est fait, je n’aime pas des genres
en particulier, je ne m’attarde pas sur ça. J’écoute beaucoup de
La musique telle que je la conçois, ne s’attache pas à peindre Black, d’Indus, de Sludge, … Et tout autant de classiques du Metal
des concepts mais des émotions où la philosophie a besoin des que j’écoute encore en boucle. Je marche au coup de cœur et que
outils que sont les concepts pour exister. La musique doit juste j’aime être surpris par les projets contemporains dans le Metal,
esquisser sans mot mon ressenti par apport à ces réflexions. les live me manquent beaucoup pour ça. Cela reste le meilleur
Les émotions sont juste des ressentis que j’exprime en moyen de découvrir des projets.
musique. Les seuls mots que j’utilise sont pour les titres des
morceaux et les noms d’album pour donner un cadre aux Enfin, votre quête musicale est faite de symboles avec
productions, rien de plus. un fort aspect philosophique. Est-ce que le visuel, à
travers la vidéo par exemple, est un aspect de DDENT que
Les mots, pragmatiques et réducteurs, ne laissent que peu vous travaillez aussi beaucoup, notamment sur scène ?
d’autres possibilités d’interprétations que ce qu’ils sont
destinés à exprimer. Ils limitent immédiatement les possibles Assez peu sur scène, j’essaie de faire en sorte que la musique se
et l’infinité de nuances de couleurs que propose la palette suffise à elle-même. Pour ce projet, j’ai l’impression que trop
musicale pour traduire une émotion. Quand il s’agit d’exprimer jouer sur la vidéo en live irait aussi à l’encontre de cette idée de
des émotions, les mots iraient à l’encontre même de ce projet, musique pleine que j’essaie de rendre, que ça guiderait trop
qui consiste à maitriser cet autre langage infiniment plus riche, l’auditeur vers autre chose que la musique ! Et je ne veux pas
et en faire mon langage. On peut voir ça comme un travail de faire de la vidéo pour faire de la vidéo Si c’est pour combler une
recherche, il n’y a pas de fin à cet enrichissement, là où les sorte de vide sur scène, c’est que j’ai échoué aussi quelque part
mots sont limités en nombre et en interprétation. Tu peux ! Je n’y vois pas d’intérêt pour l’instant, mais j’y réfléchis quand
apprendre tous les mots du monde si tu veux, cela ne veut pas même ! Il faudrait que ce soit vraiment justifié dans ce cas. Par
dire que chaque degré d’émotions sera traduisible par ces contre, j’aime sortir des clips à chaque album. Comme on disait
derniers, au contraire. Cela aura seulement pour conséquence avant, c’est un moment où je viens compléter l’artwork et les
de limiter la richesse infinie de ce que l’on peut ressentir, en titres, et donner encore un peu de forme au cadre, mais que ça
casant, en étiquetant. L’art est une alternative aux mots, et reste à demi-mot, juste suggéré.
échappe à cette limite.
[Interview réalisée par K.Fañch]
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Je t’avoue que l’inspiration vient de partout… de beaucoup de