Page 15 - Correspondance coloniale
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Il est important de comprendre que mon expansion est
conditionnée par la disparition de l’autre.
La disparition de l’autre dans sa culture et ses traditions, dans
ses croyances, dans ses spécificités. J’aime l’uniformisation
allant dans le sens de la généralisation de la culture dite
dominante.
Il ne s’agit pas seulement de conquêtes d’espaces, mais bien de
peuples. Il est question de colonisation mentale.
L’autre en tant qu’individu, ne doit plus exister. S’il existe, il
réfléchit, remet en question, s’écarte et s’émancipe, ce qui
signerait la fin de mon empire.
Les cultures doivent donc se fondre dans la nation et l’individu
doit se fondre dans la masse.
Faire en sorte que chacun s’assimile à un modèle donné.
De la colonisation j’ai tiré une magnifique stratégie de
domination : dénigrer l’autre pour l’amener à renier ce qu’il est
et correspondre à ce qui est exploitable pour moi. Le couper de
ses racines et le greffer jusqu’à le rendre dépendant de mon
système.
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