Page 3 - Mise en page 1
P. 3
Offre de solution au dilemme
de la jeunesse haïtienne
• Edito
Par Pradel SAINT-FLEUR
e serait un euphémisme de dire que
l’exode de notre jeunesse est chro-
Cnique. Nous sommes tous conscients
que c’est un mal qui ronge notre société de-
puis des décennies. Ce qu’il faut comprendre
aujourd’hui, c’est que, non seulement le phé-
nomène se poursuit, mais hélas il tend à s’am-
plifier avec les facilités d’accès qu’offrent rêter cette hémorragie qui affaiblit la société
certains pays. haïtienne. Nous perdons en effet, hebdoma-
Les perspectives d’avenir au bercail ne sont dairement, des centaines de jeunes qui partent
pas bien définies, donc pas vraiment claires à la recherche d’un eldorado, souvent imagi-
pour nos jeunes. Nombreux sont ceux qui pei- naire. Pourtant, peut-être vivent-ils déjà dans
nent à poursuivre leurs études, faute de l’eldorado sans le savoir, faute de pouvoir en
moyens financiers. Et si, comme solution, goûter les fruits. Nous restons persuadés que
chaque entreprise de taille moyenne du pays, cela ne tient qu’à une simple prise de
s’engageait à parrainer cinq étudiants, sur un conscience et un bon élan de patriotisme de
cycle complet de formation !? Et si les grandes toute la société haïtienne pour que notre jeu-
firmes en parrainaient dix ? Il suffirait d’en éta- nesse commence enfin à s’épanouir, chez elle.
blir des critères simples d’éligibilité. On pour- Nos jeunes partent parce qu’ils ne sont pas pris
rait même y accoler une promesse en compte dans leur pays, ils ont perdu espoir.
d’embauche conditionnée par les résultats de Ils partent pour essayer de subvenir à leurs be-
chaque étudiant. L’Etat, s’il prend ses respon- soins basiques. Une fois face à la réalité, ils
sabilités, pourrait ensuite subventionner et sur- sont souvent déçus. Ce qui nous pousse à lan-
tout contrôler l’embauche effective de ces cer, comme une bouteille à la mer, les simples
jeunes. Tout ce processus contribuerait à questions suivantes. Y répondra ou tentera d’y
contrôler le flux des départs et augmenter le répondre qui se sent réellement concerné.
taux de réussite aux examens, car la motiva- Que deviennent nos jeunes une fois arrivés à
tion deviendrait plus grande. destination ? Quels rapports entretiennent-ils
La phase d’apprentissage des nouvelles auto- avec Haïti ? Pour peu que cela les intéresse, boyomag.com
rités politiques haïtiennes ayant pris fin, nous quelle stratégie utilisent les autorités haïtiennes
attendons de leur part des initiatives inno- pour récupérer ces jeunes ?
vantes pour apporter des solutions pouvant ar-
Boyo Magazine Janv./Mars 2018 3