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Extrait
Père de sang Frère de cœur
(Arthur Hopfner)
La baie vitrée s’ouvre et apparaissent devant nous quatre instructeurs,
un maître principal, deux maîtres et un second-maître. Ils ont tous les
quatre le béret vert vissé sur la tête, je les envie.
C’est le maître principal, un homme de petite taille, sec comme un pied
de vigne, qui prend la parole :
— À mon commandement, repos ! Garde-à-vous !
Se tournant vers le bâtiment, il accueille un officier « quatre galons ». Je
le reconnais tout de suite, c’est un ami de mon père. Le maître principal
salut l’officier supérieur et lui indique que nous sommes à sa disposition.
— Repos ! indique le commandant.
Il poursuit :
— Je suis le Capitaine de Corvette, Sancho ! Je suis le directeur de
l’école commando ! Tout commence aujourd’hui ! Que tous ceux qui ont
des doutes, qui sont venus ici parce qu’ils ont vu de la lumière, tous les
« morals de poule », les indécis, les fragiles, je vous propose de ne pas
nous faire perdre de temps et de sortir tout de suite des rangs.
Il s’arrête de parler et nous toise de son regard sombre. Il a de la gueule.
Les médailles qui ornent sa poitrine me confirment ce que je sais déjà, cet
homme a traîné ses guêtres dans bien des endroits peu recommandables.
J’étais d’ailleurs présent le jour où on lui a remis la Légion d’honneur, papa
avait été invité et il m’avait pris avec lui.
Au bout d’un instant qui nous semble une éternité, il reprend la parole :
— Je vais vous confier au maître principal Biermanso, qui sera votre
maître de cours. À partir de maintenant, votre sort est entre ses mains, à
lui de voir, à lui de décider avec les autres instructeurs si vous pouvez
revenir la semaine d’après. Sachez qu’ici, il n’y a pas de place pour les
faibles, alors je repose la question, qui « ne se sent pas » et veut quitter le
stage ?
Toujours ce silence, toujours ce regard qui passe sur chacun de nous. Je
sais qu’il m’a vu, mais il ne montre rien.