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Extrait

Père de sang Frère de cœur

(Arthur Hopfner)

— Maître principal, ils sont à vous, on se revoit vendredi !

Ce dernier nous remet au garde-à-vous et salue le commandant qui
quitte la place et rentre dans le bâtiment. Nous laissant dans cette
posture, lui et ses adjoints passent dans les rangs et nous questionnent au

hasard !
Se plaçant face à Guillaume, il lui demande :

— C’est quoi ton nom ?
— Second maître maistrancier Rabiller, maître principal !
— Ici, pas de grade, tu seras Rabiller et point ! Tu penses que tu as les

tripes pour réussir le stage ?
— Oui, maître principal, je les ai !

— Non, tu penses les avoir, mais je ne lis rien dans ton regard, rien, on
dirait un poulpe mort ! Je te donne une semaine et tu feras ta valise ! Ne
défais pas toutes tes affaires, cela ne sert à rien !

Ses paroles claquent. Ils veulent blesser, mettre le doute dans l’esprit de
mon ami, j’espère qu’il l’a compris. Je n’ose pas tourner la tête. Les quatre

instructeurs passent devant chacun de nous, à chaque fois un mot doux, à
chaque fois une remarque.
Le maître principal se plante devant moi !

— Ta tête me parle ! C’est quoi ton nom ? Juste ton nom, je m’en fiche
de ton grade !

— Mandrier, maître principal !
— Mandrier ! Tiens donc, j’ai très bien connu un Mandrier, c’était mon
chef d’escouade !

— Je pense que c’était mon père, maître principal, Jacques Mandrier !
— Oui, c’est ça ! Eh bien ! J’espère que tu ne vas pas le décevoir ! Et

d’ailleurs, pourquoi es-tu là ? Pour faire comme papa ?
— Non, maître principal, c’est parce que c’est mon envie depuis tout
petit !