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ARCHEOLOGIE







         Au 1er siècle de notre ère, le Romain Pline            Le poète Juvénal, qui écrivait vers 110 de

         l'Ancien décrivait ainsi l'attrait et la valeur du     notre ère, était consterné "par les femmes

         poivre . Il est étonnant que l'usage de cette          amoureuses du luxe qui trouvent la plus fine

         substance ait pris tant de faveur. En effet,           des robes trop chaude pour elles; dont la

         dans les substances dont on use, c'est tantôt          chair délicate est irritée par le tissu de soie le


         la suavité, tantôt l'apparence qui séduisent.          plus fin"  (Bernstein, 2) .  Le philosophe ro-
         Le poivre n'a rien de ce qui recommande un             main Sénèque le Jeune  (3 av. JC - 65 ap.

         fruit ni une baie; Il ne plaît que par son amer-       JC ) se plaignait : Je vois des vêtements de

         tume, et par une amertume qu'on va cher-               soie, si des matières qui ne cachent pas le

         cher dans l'Inde. Qui le premier en essaya             corps, ni même la pudeur de quelqu'un, peu-

         dans ses aliments? ou quel fut celui qui ne            vent être appelées vêtements... De miséra-

         se contenta pas de la faim pour assaisonne-            bles troupeaux de servantes travaillent pour

         ment?  Le poivre et le gingembre sont sauva-           que la femme adultère soit visible à travers

         ges dans les contrées où ils croissent, et ce-         sa robe fine, afin que son mari ne connaisse

         pendant nous les achetons au poids, comme              pas plus que n'importe quel étranger le corps

         l'or ou l'argent. La soie devint si populaire          de sa femme.  (Sénèque, LCL 463, 374-

         que le Sénat romain publia périodiquement              375 ) Le commerce romain dans le couloir

         des proclamations  (la plupart du temps en             de la mer Rouge  Le commerce romain dans

         vain ) pour interdire le port de la soie pour          le couloir de la mer Rouge commençait à Os-

         des raisons économiques et morales.                    tie ou Pouzzoles, d'où les navires se ren-

                                                                daient à Alexandrie, puis à Coptos sur le Nil.

                                                                Il fallait environ 20 jours aux navires pour at-

                                                                teindre Alexandrie depuis l'Italie et 11 à 12

                                                                jours supplémentaires pour acheminer les

                                                                marchandises sur le Nil jusqu'à Coptos.

                                                                Une abondance de marchandises romaines

                                                                affluait à Coptos, notamment des sacs de

                                                                pièces d'or et d'argent, de l'étain, du cuivre et

                                                                du fer manufacturés, de l'orge, du blé et de
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