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un, consacré aux institutions monastiques, qu’il publia dans cette revue en 1927-1929. Il correspond probablement au brouillon du livre 6, conservé dans le présent fonds sous la cote 59 Z 4 dossier 11.
Le « mystère » de la suite de l’Histoire du Vivarais qui alimenta les discussions du milieu érudit (3) comporte en fait deux questions :
- pourquoi Rouchier n’a-t-il pas publié ce qu’il avait écrit ?
- pourquoi ses manuscrits ont-ils disparu ?
A la première question l’abbé Eldin répondit que Rouchier aurait voulu combler des lacunes ou apporter des preuves qui lui manquaient. A la lumière du rapport Eldin on a également l’impression que Rouchier s’est senti gêné par le plan trop institutionnel et trop statique de son livre.
Ce plan était ainsi conçu :
- organisation féodale,
- organisation ecclésiastique,
- organisation judiciaire,
- organisation  nancière,
- organisation militaire,
- chronologie des évêques de Viviers.
On voit mal en effet se dessiner, à travers ce projet, un véritable tableau synthétique de l’histoire du Vivarais médiéval (4). Et n’était-il pas trop tôt, compte tenu de la faiblesse des travaux préliminaires (inventaires d’ar- chives, éditions de textes), pour tenter une aventure qui semble bien avoir dépassé notre chanoine ? L’appré- ciation formulée par l’auteur de sa notice nécrologique dans la Semaine religieuse paraît, tout compte fait, as- sez proche de la réalité : « Il essaya donc de poursuivre son œuvre dans une certaine mesure, mettant au point, croyons nous, quelques parties importantes mais il ne put se déterminer à livrer un travail dé nitif et complet
à ses amis qui le désiraient vivement et au public qui l’attendait ». Quant à la deuxième question aucune ré- ponse convaincante n’a été donnée.
Ses travaux valurent à Rouchier d’être nommé corres- pondant du Comité des Travaux historiques (59 Z 1 dossier 1). Sur les plans diocésain et départemental il fut membre de la Commission d’examen pour le Bre- vet de capacité, membre du Conseil départemental de l’Instruction publique et correspondant de l’œuvre de saint François de Sales. Comme doyen du chapitre et maître des cérémonies, il  t  gure de gardien des tra- ditions du diocèse, avec une « correction et dignité un peu froides de tenue » (5).
Le fonds Rouchier offre beaucoup d’éléments sur la manière dont pouvaient travailler les érudits du XIXe siècle. L’échange d’information, à travers la correspon- dance, joue un rôle important. Dans celle-ci (59 Z 1), on trouve des noms connus de l’érudition nationale (Mas-Latrie, de Boislisle, Allmer, de Mortillet...) ou régionale (O. de Valgorge, Vaschalde, Mazon, Ollier de Marichard, Ulysse et Jules Chevalier...). Des curieux, pour leur généalogie familiale, n’hésitent pas à solli- citer l’auteur respecté de l’Histoire du Vivarais. Les sources qu’il a utilisées et la collection qu’il a consti- tuée sont bien documentées (59 Z 2 et 3). Ses travaux préparatoires, sous forme d’analyses ou de copies de documents, sont également abondants (59 Z 3-8). Les dossiers de préparation matérielle de l’édition de l’His- toire du Vivarais permettent de voir comment le réseau ecclésiastique a été ef cacement mobilisé pour la sous- cription (59 Z 9).
Le chanoine Rouchier s’est également intéressé au culte marial en Vivarais, sur lequel on retrouvera un dossier complet (59 Z 9 dossier 25). Des autres dossiers de recherche (59 Z 10-11), on retiendra notamment un riche dossier épigraphique (59 Z 10 dossier 29) comportant une correspondance échangée avec Allmer et de nombreuses notices d’inscriptions obituaires.
 3. On en retrouve des traces dans la préface de Jean Régné du tome premier de l’Histoire du Vivarais (réédition de l’ouvrage de Rouchier), publiée en 1914.
4. Il est vrai que Rouchier, dans son avant-propos (p. LVII de l’édition de 1914), annonce un plan plus ambitieux et moins statique.
5. Semaine religieuse, 1896, pp. 7-11.
135 Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018














































































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