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Réflexions
Le bulletin de liaison du CIG Printemps 2022
La présence retrouvée...
Gilles Delisle, Ph.D.
En sommes-nous enfin sortis ? Les masques, le Purell, les détecteurs de CO2, les purifica- teurs d’air, les « je ne pourrai pas être présente à la formation, mon plus jeune a la Covid » ?
Au CIG, nous nous réjouissons d’avoir pu retrouver nos groupes de formation en pleine pré- sence physique. Quelle différence saisissante entre cette réalité incarnée et son succédané virtuel !
Et que dire de la psychothérapie ? À l’heure où la détresse psychologique était en hausse, la poursuite en ligne a été une planche de salut. Mais il est quelque peu inquiétant de voir cer- tains se mettre à trouver des avantages « thérapeutiques » à la psychothérapie en ligne. Nous n’en sommes pas ! Les chats, passe encore, les « viens voir la thérapeute de maman », l’apé- ro à la main pendant la thérapie, non. L’enregistrement en catimini de la séance « pour pou- voir la réécouter », non.
Des avantages à la psychothérapie en ligne, il y en a. Mais il ne sont pas « thérapeutiques ». On gagne le temps des déplacements. On protège l’environnement. Certes. Mais on n’a plus de corps, le cadre et la confidentialité ne peuvent être assurés, le pré-contact nécessaire à la préparation de l’expérience thérapeutique et le post-contact indispensable à la métabolisation de cette expérience sont évacués.
En somme, grâce aux Zoom et aux Teams de ce monde, les processus thérapeutiques ont pu se poursuivre alors même que nous étions confinés. Ce miracle technologique a sauvé des processus et des personnes. Il a permis que le CIG puisse poursuivre ses activités de forma- tion et de supervision clinique à un moment où les psys en avaient particulièrement besoin. Il servira encore de roue de secours au besoin. Mais qu’on ne s’y méprenne pas : nous sommes des êtres sociaux, en quête d’objets, en quête de sens. Il y aura un prix à payer si un jour nous confondons le virtuel et le réel, le confort et la nécessité, l’expédient et l’expérience.
L’accueil en salle d’attente, les quelques pas faits ensemble, le sanctuaire de l’espace phy- sique, la texture de la voix, celle des silences, l’éventuelle poignée de mains ou du moins sa possibilité, sont parties intégrantes de la globalité, de la Gestalt de l’expérience thérapeutique. Il importe de la préserver là où elle est indispensable.
Quant à la roue de secours, qu’elle reste dans le coffre tant qu’on n’en a pas besoin.