Page 13 - Milano

Du moins, je l’entendais mais je ne pouvais détacher mes yeux de cette incroyable exhibition dont j’avais l’honneur d’être le spectateur privilégié. Très souvent, il regagnait la maison s’apercevant qu’il ne trouverait aucune grâce à mes yeux, j’étais là sans l’être vraiment. Ces instants de contemplation n’étaient interrompus que par l’instance de Yaven me sommant de rentrer pour diner. Même là, je me surprenais à traîner des pieds, à trouver quelconque excuse me permettait de prolonger ces moments indescriptibles, immuables.
Yaven, Jérif et moi, nous avions l’habitude de dîner seuls profitant
de ces délectations pour nous conter nos journées respectives. La priorité était toujours donnée au petit dernier de la famille, pas par simple politesse, mais par précaution, par choix purement calculé. Jérif n’avait certes que six ans mais ce petit bout d’homme n’en demeurait pas moins
extrêmement bavard.
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