Page 66 - Cat Salon Paris 2018
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Édition originale de Pierre et Jean.

                            L’un des rares exemplaires sur Hollande.



                 47. mauPassant, Guy de. Pierre et Jean.
                 Paris, Paul Ollendorff, 1888.

                 In-12 de (2) ff., xxxv et 277 pp.
                 Demi-maroquin bleu à coins, double filet doré sur les plats, dos à nerfs orné de listel
                 mosaïqué et de jeux de filets dorés, tête dorée, exemplaire non rogné, couvertures et
                 dos conservés. Semet & Plumelle.
                 189 x 121 mm.

          édition oriGinale de ce manifeste littéraire qui mit le feu aux Poudres.
          Carteret, II, 119 ; Vicaire, V, 618 ; Clouzot, 198.

          rare exemPlaire sur Hollande - il Porte le n°16-, aPrès 5 sur JaPon.
          Un couple de commerçants parisiens, les Roland, retirés au Havre. Deux fils : Pierre et son
          cadet Jean, « aussi blond que son frère était noir, aussi calme que son frère était emporté, aussi
          doux que son frère était rancunier ». Pierre et Jean ne s’aiment pas, mais la famille vit en paix
          jusqu’au jour où l’on apprend qu’un vieil ami des Roland a laissé en mourant toute sa fortune à
          Jean. Pourquoi à Jean seul ?

          De ce qui aurait pu être un banal drame de boulevard, Maupassant a fait une tragédie concise et
          cruelle, où affleure le thème du Double qui va bientôt hanter sa folie. Et le livre contient, sur la
          mer, les bateaux, la lumière, la campagne normande, quelques-unes des plus belles pages de la
          littérature impressionniste.
          Le récit de l’affrontement de deux frères exprime la recherche d’une nouvelle formule roma-
          nesque, plus épurée, sur laquelle Maupassant fonde ses choix esthétiques.

          La préface, sobrement intitulée Le Roman, est son unique texte théorique. Elle constitue une
          manière de manifeste littéraire.
          Maupassant y fustige les critiques, se faisant le chantre de Flaubert et de son école. Les symbo-
          listes y sont pris à parti : « Efforçons-nous d’être des stylistes excellents, conseille-t-il, plutôt que
          des collectionneurs de termes rares. [...] La langue française est une eau pure que les écrivains
          maniérés n’ont jamais pu et ne pourront jamais troubler. Chaque siècle a jeté dans ce courant
          limpide ses modes, ses archaïsmes prétentieux et ses préciosités, sans que rien surnage de ces
          tentatives inutiles, de ces efforts impuissants. La nature de cette langue est d’être claire, logique
          et nerveuse. Elle ne se laisse pas affaiblir, obscurcir ou corrompre ».
          C’est  à  Flaubert  que  Guy  de  Maupassant  soumet  ses  premiers  essais  littéraires,  poèmes  ou
          contes.
          Le  Maître  de  Croisset  l’encourage,  le  dirige  et  lui  permet  d’entrer  en  relation  avec  Zola,
          Huysmans, Daudet et les frères Goncourt.
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