Page 13 - L'INFIRMIERE LIBERALE MAGAZINE - EXTRAITS RELOOKAGE
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    « Lui, c’est mon père... »
« Après chaque visite, Julien m’informe sur mon smartphone (...) et me prévient des besoins exprimés par papa. »
« Et lui, c’est Julien. Il ne vient pas que pour le courrier. « On choisit un, deux, quatre ou six passages par semaine. » Il vient passer un peu de temps avec lui. »
« Tout cela pour 39,90 euros par mois, bénéficiant « Je suis rassurée, et papa aussi. » de 50 % de réduction d’impôts. »
    « Nous ne sommes pas là pour nous substituer à des personnes compétentes qui savent gérer la santé et la solitude des personnes âgées »
d’une « dame à mobilité réduite, qui reçoit la visite de courtoisie du facteur depuis la fenêtre de sa cuisine » pour ne pas avoir à se déplacer jusqu’à la porte d’entrée. Muni d’un smartphone profes- sionnel, le facteur fait signer le bénéficiaire, échange quelques mots et s’enquiert de ses éventuels besoins. Il envoie ensuite sur une application mobile dédiée un mes- sage aux proches et éventuelle- ment à des contacts de proximité désignés par eux pour notifier son passage, voire transmettre un besoin de courses ou de sortie exprimé par la personne.
Avant d’assumer cette nouvelle mission, le facteur bénéficie d’une formation d’une heure en e-lear- ning conçue par le Gérontopôle Autonomie longévité des Pays de la Loire. À lire la plaquette de présentation de la formation, « il s’agit de faire en sorte que les facteurs développent un savoir- faire relationnel empathique et professionnel, une communica- tion adaptée aux personnes âgées visitées ». Sans toutefois perdre de vue les impératifs dictés par le modèle économique du produit : ainsi les facteurs sont- ils formés à « mettre fin à l’en- tretien de manière appropriée,
apprendre à limiter leur implica- tion dans la résolution des pro- blèmes de la personne » et « réa- gir aux situations types critiques » susceptiblesd’êtrerencontrées: « agressivité, chantage affectif pour retarder le départ ».
« Un chronomètre
à la main »
Les facteurs n’ont pas de consignes strictes, assure de son côté Philippe Ployard, il leur est demandé de s’adapter à l’état de leur interlo- cuteur: si la personne est fatiguée, la visite sera écourtée, si elle est loquace, elle pourra durer « entre cinq et quinze minutes ».
« Tous les facteurs n’ont pas voca- tion à devenir des assistantes sociales avec un chronomètre à la main », objecte le syndicat SUD Poste Rhône. « Nous ne sommes pas là pour nous substituer à des personnes compétentes qui savent gérer la santé et la solitude des personnes âgées », d’autant que « le temps nous manque tous les jours pour faire notre “vrai” métier », alerte le syndicat. « Dire “bonjour”, échanger quelques mots, les facteurs l’ont toujours fait » et « cela doit rester gratuit », renchérit Pascal Le Lausque, ani- mateur du collectif Poste national
de la CGT. « Que ce soit payant pose problème à beaucoup de facteurs sur le plan déontolo- gique », affirme-t-il, d’autant que « la formation », dont 27 000 d’en- tre eux (à la date du 22 mai) ont déjà bénéficié, « n’est pas suffi- sante compte tenu de la respon- sabilité », estime-t-il.
Au regard des appétits du groupe, qui escompte vendre « quelques milliers » de contrats “Veiller sur mes parents” « d’ici fin 2017 ; quelques dizaines de milliers par la suite », selon Philippe Ployard, cette question de la responsabi- lité cristallise le débat. Car La Poste ne s’en cache pas, elle entend proposer « demain tout type de services : aide-ménagère, jardinage, portage de repas, de courses, de médicaments », énumère Philippe Ployard. ✪ Murielle Chalot
(1) Respectivement l’un des leaders français de la prestation de santé à domicile en cas
de maladie chronique et un acteur des services à la personne.
(2) Fédération de plus de 700 services d’aide, d’accompagnement et de soins à domicile
à but non lucratif.
(3) Acteur majeur du marché du titre CESU préfinancé et de l’organisation de prestation de services à la personne.
(4) Fin 2016, le PDG du groupe La Poste a été nommé, par le gouvernement, vice-président du comité d’orientation de la “silver économie”, ce secteur consacré au marché des aînés
(lire aussi notre dossier de mars dernier). (5) Sur le site lundi.am/Situation, en date du 13 juin.
L’infirmière libérale magazine • n° 338 • Juillet/Août 2017 17
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