Page 12 - L'INFIRMIERE LIBERALE MAGAZINE - EXTRAITS RELOOKAGE
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 SILVER ÉCONOMIE
sistance en continu et d’un service de mise en relation des personnes âgées avec des professionnels pour de menus dépannages. Ou comment La Poste invente le « lien social tarifé », ironise “l’éco- nomiste atterré” Frédéric Lordon : « pour maintenir le lien social tout court, c’est 19,90 euros [par mois, NDLR] et pour un lien social béton, c’est 139,90 euros », grince-t-il, pointant « un contre- sens anthropologique »(5).
« Process affinés »
Une phase de « test sur une cen- taine de personnes âgées réparties sur l’ensemble du territoire, offrant une large palette d’habitats et de situations » a pourtant permis au groupe d’avoir « des retours d’ex- périence et d’affiner ses process », se défend Philippe Ployard, direc- teur de “Veiller sur mes parents”. Le facteur n’entre chez la personne âgée que s’il y est invité et les modalités se négocient au cas par cas avec le bénéficiaire, censé avoir donné son accord sur la foi d’une déclaration sur l’honneur du souscripteur. Et de citer l’exemple
La Poste à l’assaut du
maintien à domicile
Confronté au déclin des volumes du courrier, le groupe La Poste développe des services à domicile tous azimuts en lorgnant particulièrement
sur le maintien des personnes âgées à domicile. Jusqu’à concurrencer certains acteurs historiques du secteur de la santé ?
Il s’agit
de confier aux facteurs la réalisation de visites
de lien social au domicile de personnes âgées isolées
PRISE DE PARTICIPATION MAJORITAIRE DANS LE GROUPE ASTEN SANTÉ ET AXEO (1), partenariat avec Adessadomi- cile (2), achat de Domiserve ( 3), commercialisation de la tablette Ardoiz spécialement conçue pour les seniors, association avec l’ADMR... Pas un mois ne passe sans que le groupe La Poste, qui s’est doté l’an dernier d’une direc- tion dédiée à la “silver écono- mie”(4), n’annonce une initiative dans le domaine des services et de la santé à domicile. Dernier-né de cette lame de fond, “Veiller sur mes parents” illustre le virage stratégique que l’entre- prise postale entend faire
emprunter à ses 73 000 facteurs. Commercialisé sur Internet, par téléphone et dans tous les bureaux de poste depuis le 22 mai, ce nouveau service vise à « éviter l’isolement des per- sonnes âgées et rassurer leurs proches ». En pratique, il s’agit de confier aux facteurs la réalisation de visites de lien social au domi- cile de personnes âgées isolées. Les souscripteurs – un tiers de personnes âgées elles-mêmes et deux tiers de proches, selon le groupe – choisissent entre qua- tre formules: une, deux, quatre ou six visites hebdomadaires assorties d’un service de téléas-
Et aussi le portage de médicaments...
En association avec les sociétés Medissimo, spécialiste du pilulier,
et mesoigner.fr, active en e-santé,
et avec l’appui du groupement Giphar, le groupe La Poste expérimente
depuis l’automne 2016 un service payant de livraison de médicaments
à domicile à Bordeaux (Gironde),
et bientôt Nantes (Loire-Atlantique)
et Marseille (Bouches-du-Rhône) :
« Le facteur va chercher l’ordonnance, la porte à la pharmacie et,
le lendemain, livre les médicaments
à domicile », détaille Philippe Ployard, du groupe La Poste. Il en coûte au client 8,90 euros pour une livraison unitaire et 19,90 euros pour un mois de traitement en piluliers hebdomadaires. Une ligne rouge pour la Fédération nationale des infirmiers (FNI) : que
La Poste se pique de vendre du lien social, soit ; mais de là à investir
un secteur aussi réglementé
que la santé et le médicament,
non, réagit son président Philippe Tisserand. Car portage n’est pas distribution, insiste-t-il : « Dans le portage, on n’est pas responsable de ce qu’il y a dans le colis. Or, en matière de médicaments, il y a des doses
à respecter, des effets secondaires
à surveiller. » Et d’ajouter: « Qui n’a jamais trouvé dans sa boîte aux lettres un courrier destiné au voisin ? »
Alors que le Président de la République Emmanuel Macron a affirmé sa volonté de déconditionner les médicaments, et tandis que les pharmaciens et La Poste cherchent à conquérir de nouvelles compétences, la FNI entend se battre pour que les infirmières restent dans
le jeu. D’après une enquête menée
par le syndicat auprès de plus de
mille infirmières, « les Idels sont très
attachées à la préparation-distribution- administration de médicaments »
et le font aujourd’hui « sur un million de patients qui sont ceux que visent les pharmaciens », analyse Philippe Tisserand : les plus de 70 ans polymédiqués. « Les pharmaciens
le font aussi, concède-t-il, mais
pour maximum 50 000 patients. » Forte de ce constat, la FNI travaille avec Medissimo à doter les Idels d’une application gratuite annoncée pour fin septembre, permettant de tracer au quotidien l’observance thérapeutique des patients à domicile et de transmettre ces données aux médecins généralistes. Cet outil constituera pour les médecins « une valeur ajoutée » en leur permettant de répondre à l’un des critères déclenchant leur rémunération sur objectifs de santé publique, plaide Philippe Tisserand. ✪ M.C.
16 L’infirmière libérale magazine • n° 338 • Juillet/Août 2017



























































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