Page 10 - L'INFIRMIERE LIBERALE MAGAZINE - EXTRAITS RELOOKAGE
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Des Idels députés!
Sereine Mauborgne dans le Var, Jean-Michel Jacques dans le Morbihan, auxquels s’ajoutent, dans les Alpes-de-Haute-Provence, Emmanuelle Fontaine-Domeizel, suppléante du ministre Castaner et donc amenée
à siéger dans l’hémicycle, et, en Aveyron, Anne Blanc, qui a exercé
en libéral : quatre Idels, toutes sous les couleurs macronistes de
La République en marche, entrent à l’Assemblée nationale. Au total, huit infirmiers ont été élus comme titulaires sur quelque 80 députés issus du secteur de la santé. Une situation inédite dans l’histoire de la République.
« Mettre notre expertise
POLITIQUE
  q Originaire de Lorraine et ancien infirmier des commandos Marine en mission en Afghanistan et au Mali, vous voilà député...
Engagé dans la Marine, à 20 ans,
j’ai fait l’école de spécialité d’infirmier
à Toulon pour ne pas être réformé.
J’ai obtenu le diplôme d’infirmier
des Armées. Je suis devenu l’un
des “infirmiers de l’avant”, en mission et sur le front, là où l’on allie sport
et contact. En 2010, à 42 ans, j’avais
le sentiment d’être arrivé au bout
d’un cursus. Comme j’avais passé
mon diplôme d’État en 2000 – pour
des raisons d’équivalence européenne – je suis devenu formateur à l’IFSI
de Lorient qui cherchait un profil d’urgentiste. En parallèle, je continue d’être infirmier sapeur-pompier volontaire, pour garder un certain niveau dans la gestion de l’urgence.
q En 2014, vous êtes devenu maire de Brandérion, commune de quelque 1200 habitants. Qu’est-ce qui a motivé votre engagement public ?
Je conduisais une liste citoyenne,
sans couleur politique, qui prônait
le renouveau de la vie publique locale. Après vingt-cinq années passées avec les mêmes élus, les électeurs nous ont choisis à 70 %, preuve d’un désir de changement. En avril 2016, j’ai retrouvé dans le projet d’Emmanuel Macron
la démarche que j’avais au niveau communal. J’ai été le premier maire du Morbihan à lui apporter mon soutien.
q Installé au sein d’un cabinet d’infirmiers depuis 2013,
vous continuez d’exercer ?
Arrivé en tant que remplaçant,
je n’ai jamais voulu être associé. Statutairement, c’était plus simple.
Une manière aussi de garder ma liberté d’action sur la scène publique. Devenu référent départemental d’En Marche!, j’ai arrêté mon activité en janvier pour me consacrer à l’élection présidentielle. C’était un choix à faire, financièrement notamment, mais cela en valait la peine. q Que peuvent apporter des professionnels de santé au débat ? Notre exercice nous a donné une certaine expertise, elle doit désormais être utile et au service de tous. Pour ma part, ce sera au niveau de la formation des professions de santé, notamment concernant le glissement des tâches
et des compétences. Ce glissement peut être utile et permettre de monter en niveaux. Bien souvent, les soignants ne peuvent pas faire tel ou tel acte parce qu’ils sont prisonniers des décrets. Exemple: pourquoi un pompier ne peut pas prendre la glycémie d’une personne quand n’importe quel patient peut
le faire seul? Il faut permettre
ces glissements tout en sécurisant l’activité de chacun.
q Que comptez-vous faire politiquement pour les Idels
et libéraux de santé ?
Il y a beaucoup d’actes de coordination qui sont réalisés en “off” mais qui ne
sont pas reconnus. Il faut les valoriser. Chez monsieur Untel ou madame Unetelle, combien d’Idels prennent
le temps de faire toutes ces petites choses, “à côté” de leur mission de soin ? Reconnaître ces actes de coordination, par une tarification, c’est contribuer à préserver les personnes à leur domicile. Certes, il y a d’autres services présents, comme les hospitalisations à domicile. Mais il n’y en a pas partout. Il faut aussi revoir les prescriptions. Faire repasser les patients par les cabinets médicaux pour une bouteille de Bétadine est une perte d’énergie et d’argent. Qu’on soit infirmier, médecin ou ambulancier,
il faut dépasser le protectionnisme
et le corporatisme, et remettre le patient et la couverture de soins au cœur
de notre pensée de soignant. Mais
il faut pour cela oser et se permettre
de penser différemment.
q Pendant sa campagne, Emmanuel Macron a annoncé le doublement des maisons de santé. N’est-ce pas un peu une coquille vide ?
Dans ma circonscription plutôt rurale, certaines initiatives, difficiles à mettre en place, sont déjà opérationnelles. Hélas, malgré de lourds investissements des collectivités, elles ne trouvent pas de médecins. Certains ont peur de venir car ils ont une fausse image de la pratique en zone rurale et cherchent à avoir tous les services à portée de main. Il nous faut travailler là-dessus. ✪ Propos recueillis par Carole Tymen
8 L’infirmière libérale magazine • n° 338 • Juillet/Août 2017
de soignants au service de tous »
Jean-Michel Jacques, 49 ans, élu à 54,72 %
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