Page 7 - Voyages et groupe n°32
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giner des systèmes qui auraient été très difficiles à mettre en œuvre face à des gens qui martèlent que le profit doit prévaloir sur toute chose.
VG : Pour autant, va-t-on vouloir continuer à voyager ?
SL : Bien sûr ! Le désir de voyage est inhérent à l’humain, c’est une évidence. Si on a quitté nos terres d’origine, il y a des millions d’années, c’est parce que l’homme est curieux, il a besoin non seulement de bouger, mais aussi de rencontrer l’autre, de nourrir sa curiosité de culture, du différent, de l’étranger. Mais les gens vont avoir besoin d’être rassurés, il y a un concept qui me semble judicieux : la guérison de la destination. Il va falloir guérir les destinations, les
acteurs du tourisme de leur Covid-19. Et la guérison passe par la réassurance de la nécessaire peur qui s’est instaurée. Les gens vont donc aller à proximité. Et, de façon très égoïste, je dirais que, pour la France, c’est une formidable opportunité. Nous avons tout : la mer, la montagne, la campagne, la ville, la petite ville... La France a une carte ex- traordinaire à jouer sur son tourisme
« La France a une carte extraordinaire à jouer sur son tourisme intérieur et de proximité. »
intérieur et de proximité. Mais tous ne vont pas avoir envie d’aller à Lyon ou Nice. Certains vont avoir des désirs de Nevers, de Guéret et quid du petit hôtel de Guéret qui n’aura pas survécu à la crise ? Il faut donc aussi rassurer les professionnels, il va y avoir au moins deux ans de convalescence, qui vont changer les choses, durant lesquelles les gens vont être très prudents, ne vont plus aller autant à l’étranger.
VG : La France reste néanmoins souvent plus onéreuse que certaines destinations de proximité...
SL : Je suis totalement d’accord avec vous. Et comme la crise économique va durement toucher toute une partie de la population, les artisans, les petites entreprises, on va devoir réduire la voilure économiquement. Ce qui sera gagné sur le voyage pourra peut-être aidé la destination. J’affectionne un vieux dicton qui s’adapte bien à la si- tuation : « Une marée montante soulève tous les bateaux ». La vague touche tout le monde, on est tous sur le même ba- teau. Il serait totalement destructeur pour la France de se mettre à augmenter les prix. Pourtant certains le font déjà, et ce n’est surtout pas la stratégie à adopter ! Au contraire, il faut vraiment baisser les tarifs pour attirer les tou- ristes.
L’interview
 Guéret
 Nevers
VOYAGES & GROUPE 32 - AVriL 2020 - 7
© NiCoLAS Neyret






















































































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