Page 9 - Voyages et groupe n°32
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spécial, 30% veulent vivre l’expérience qu’ils ont lue ou vue et 30% veulent être surpris. Ce sont des chiffres non pas de mode, mais d’attitude sociolo- gique, que ce soit des vacances à 5 km de chez vous ou à 4 000 km, c’est in- trinsèque à l’homme. Après deux ou trois mois de confinement, même ceux qui ne cherchent rien vont forcément vouloir bouger ne serait-ce que pour aller se dorer sur une plage et ne rien faire. Le tour de son quartier, c’est sympa, mais au bout d’un moment, c’est lassant. Un ailleurs, Il faudra un ailleurs, quoi qu’on fasse.
VG : Les autocaristes, qui ont aussi une clientèle assez âgée vont être encore plus touchés.
SL : ils risquent en effet de subir encore plus le contrecoup. Les personnes âgées sont généralement plus peureuses, car plus fragiles, même en temps normal. À mon sens, il va falloir des démons- trations très fortes de la part des pro- fessionnels du tourisme envers les consommateurs, leur montrer qu’on prend soin d’eux. Un exemple en la matière ? Leur faire savoir qu’on désin- fecte les autocars ! J’en reviens toujours au prendre soin, au care, c’est pour moi un mot capital, c’est probablement, le mot qui va émerger du tourisme de demain.
VG : Puisque c’est l’un de vos do- maines d’expertises, quid, à votre avis, des changements liés au digital dans le tourisme dans l’après Co- vid-19 ?
SL : Il me semble que le voyage virtuel va exploser, mais temporairement, cette année et en 2021, années de convales- cence, pour le tourisme, donc très diffi- ciles. À travers les webcams, les desti- nations vont donner à rêver, elles le font d’ailleurs déjà comme l’office de
« Le désir de voyage est inhérent à l’humain, c’est une évidence. »
L’interview
   tourisme hellénique avec son site Greece from Home. Du fait de la distanciation sociale et des précédents de sur-tou- risme, je pense que les gens vont vouloir être sûrs de ne pas se retrouver à 500 ou 3 000 en un seul endroit : donc toutes les applis de collectes de data, de géolocalisation, vont certainement se développer encore plus qu’elles ne se développaient jusqu’à présent. Tout ce qui permet de gérer les foules, les flux. Je pense que les gens vont à la fois avoir besoin de communiquer, de se retrouver notamment grâce aux applis, mais aussi d’avoir des moments de so- litude. Ce qui est étonnant, des socio- logues comme Jean Viard l’évoquent
bien, les gens vont retrouver le plaisir d’être seul. Mais seul par choix, pour respirer dans la nature, pas seul à rester en confinement chez soi. Newton a dé- couvert toutes ses lois pendant son confinement à Londres lors de la grande peste. C’est ce qui est en train de se passer pour les chercheurs en techno- logie pure, qui libérés de leur cours, de bien des contraintes, se concentrent totalement sur leurs recherches. Ce Co- vid-19 a quelque chose de positif, il a arrêté le temps, la course perpétuelle. En arrêtant de courir, on réfléchit. Et, en réfléchissant, on trouve de nouvelles solutions. z
Propos recueillis par Pascale Missoud
VOYAGES & GROUPE 32 - AVriL 2020 - 9
























































































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